Ce matin, l'ACPM (Alliance des chiffres de la presse et des médias) a révélé son étude One Global V4 2016, qui présente les audiences print et numériques des titres de presse. Parmi les grands gagnants de cette nouvelle vague, "Le Figaro" devient le premier journal de France en audience globale, avec 21,19 millions de lecteurs, soit une progression de 1,94 million de personnes.
De plus, le quotidien élargit son lectorat sur tous les supports numériques, selon l'enquête One Global V3, et notamment sur son support mobile, puisqu'il gagne 2,35 millions d'individus via cet outil, atteignant un public sur téléphone de 8,12 millions de personnes. A l'occasion de la publication de ces études ce matin, puremedias.com s'est entretenu avec le directeur général du "Figaro", Marc Feuillée.
Propos recueillis par Florian Guadalupe.
puremedias.com : Selon l'étude One Global V4 2016, "Le Figaro" est redevenu le premier journal de France, avec une hausse globale de 2 millions de lecteurs, comment interprétez-vous ce résultat ?
Marc Feuillée : Cette étude existe depuis près de deux ans et ce n'est pas la première fois que l'on est en tête. Nous sommes souvent habitués à la première place du podium. Ceci étant, c'est probablement l'une de nos plus belles audiences réalisées au global. Pourquoi ? Parce qu'on est fort sur nos journaux imprimés, avec une audience forte, ainsi que ses déclinaisons. On est leader sur l'audience Médiamétrie sur l'internet fixe depuis plusieurs années.
Comment expliquez-vous cette forte progression sur le mobile, avec plus de 2 millions de lecteurs supplémentaires sur une vague ?
Il y a d'abord des efforts permanents qu'on mène depuis plusieurs années sur nos flux digitaux. On essaye d'améliorer à chaque fois le traitement qu'on fait notamment de l'actualité avec systématiquement des live. On a une très grosse rédaction qui produit complètement du bimédia, j'allais même dire trimédia, parce qu'ils font aussi de plus en plus de vidéos. Donc il y a quand même un effort éditorial constant qui est fait depuis des années.
C'est donc un effet de marque...
Je crois beaucoup à la force de la marque, la force de la promesse. Elle s'est vraiment digitalisée. C'était une marque qui avait beaucoup de valeurs sur le print, très identifiée, et le digital l'a dilatée. Il faut dire que l'on traite de très nombreux sujets, que ce soit dans le domaine de la santé, les faits divers, l'actualité internationale. Une information très large. On a notamment rénové notre site mobile et notre application, avec pas mal de succès. Il y a aussi un phénomène structurel, c'est que les audiences mobile montent dès qu'il y a une actualité très chaude. D'habitude, l'audience mobile montait l'été, pendant les vacances quand les lecteurs étaient en dehors de chez eux. Maintenant, l'usage du mobile est devenu systématique quand il y a une très forte actualité. Ce sont tous ces phénomènes conjugués qui expliquent que l'on progresse énormément sur les mobiles.
Quels sont les objectifs du "Figaro" sur le long terme ?
Notre objectif depuis des années est d'être dans le domaine de l'actualité le leader. Notre journal est un des grands médias d'actualité de ce pays. Solidement identifié sur ses parties imprimées, notre quotidien est leader des quotidiens français sur la diffusion, "Le Figaro Magazine" est devenu leader des hebdos d'actu. Donc le principal objectif aujourd'hui est d'être leader sur tous les écrans. On est convaincus que demain, la bagarre sur l'information générale va se faire à travers tous les canaux, pas simplement sur l'ordinateur ou print, mais ce sera multi-écran, d'où l'importance de la marque. La marque véhicule le contrat de lecture et la confiance que l'on peut avoir avec les lecteurs et les internautes. Evidemment, ce n'est pas la même façon de traiter l'actualité. L'écriture est plus longue sur le papier, il y a plus de rythme sur la partie digitale. Sur le mobile, il y a une autre manière de rédiger, de titrer et d'envoyer des alertes. C'est une architecture.
Qu'est-ce qui différencie votre marque aujourd'hui des autres quotidiens ?
D'abord, on est présent avec un gros effort sur tous les écrans. Systématiquement, dès qu'il y a un nouvel usage ou une nouvelle façon de consommer l'information, on essaye d'y être présent. La deuxième chose, c'est qu'on mise sur la qualité. On croit aux rédactions expertes, puissantes. Dans notre esprit, on ne peut pas avoir de crédibilité sur l'information, si on n'a pas une puissance de traitement de cette information. On a une newsroom intégrée, avec des journalistes issus du print et du digital. Cette force de frappe fabrique la qualité de ce qu'on produit. Derrière, il y a les angles ! "Le Figaro" est une marque qui porte des valeurs, des idées et qui peut aussi élargir ses informations à du contenu serviciel. On a un champ de traitement de l'actu très large et des valeurs très identifiées.
Pensez-vous que ces bons résultats ont été portés par la primaire de la droite ?
Probablement. Il y a eu sur cette vague une réelle dynamique. Je pense que c'est tout ce traitement de la primaire, d'infos, de suivi des candidats. On était présent sur toutes les soirées, en live, sur Facebook avec de la vidéo en continu. On a traité toute la comparaison des candidats, il y a eu un énorme effort. Il n'y a pas eu que cette actualité, on a eu la très forte actualité américaine, avec l'élection aux Etats-Unis. Et puis, l'année 2016 a été l'année des drames, des attentats. L'actualité a été extrêmement fournie.
Pourriez-vous comme "Le Parisien", ne plus commander de sondages à l'aube de la présidentielle ?
Non, ce n'est pas notre idée. Je pense qu'effectivement, il y a un problème de mutation de l'électorat. Il y a des phénomènes qu'on a du mal à mesurer. Il faut bien dire que les primaires sont un exercice pas si facile que ça sur les sondages. Il n'y a pas de référence. C'est difficile car on ne sait pas qui va voter. C'est peut-être pour ça qu'un certain nombre de nos confrères se découragent. Nous, on prend les sondages avec précaution, mais ce n'est pas pour ça qu'on décide de ne plus publier de sondages. Ce sont des éléments qui permettent de mesurer l'évolution de l'opinion, de les commenter et d'expliquer des phénomènes.