Invitée de France Inter ce matin, Marine Le Pen a une nouvelle fois remis en cause l'impartialité de la rédaction de la station publique, évoquant notamment un "vieux relent de bolchévisme". La leader du Front national est coutumière du fait. En janvier 2012, elle avait déjà raillé la partialité de l'équipe de la matinale de France inter, jugeant à l'époque que ses membres participaient à "cette élite qui est complètement déconnectée de la réalité et des préoccupations des Français".
Ce matin, la tension est montée de manière inattendue lorsqu'a été abordée la figure de Nelson Mandela. Interrogée par Patrick Cohen sur ce que lui inspirait l'ancien leader sud-africain, Marine Le Pen a évoqué "un homme d'apaisement", "une figure importante" ayant mis fin à un "système profondément condamnable" et "injuste". En réponse, le matinalier de France Inter a alors évoqué l'histoire d'une place "Nelson Mandela" à Vitrolles, qui aurait été débaptisée "Place de Provence" en 1997, juste après l'arrivée à la tête de la municipalité des époux Mégret, à l'époque encore membres du Front national (les époux Mégret ont été exclus en 1998 du FN après une guerre fratricide violente avec la famille Le Pen, NDLR).
A l'évoquation de cette histoire, Marine Le Pen semble d'abord un peu surprise, se contentant de répondre : "Oui, peut-être, vous avez peut-être raison". Avant de se reprendre : "Vous savez que le maire de Vitrolles (Catherine Mégret en fait, la femme de Bruno Mégret, NDLR) n'était pas particulièrement un ami de Marine Le Pen. C'est le moins que l'on puisse dire". Mais Patrick Cohen poursuit : "Il était parfaitement au Front National". "Il ne l'est pas resté longtemps" tente de minimiser la leader frontiste.
L'interview tourne ensuite à la véritable joute verbale entre le journaliste et la responsable politique. Marine Le Pen semble tenter de prendre le matinalier à défaut : "Vous avez l'air d'être très informé. Et cette place Nelson Mandela, elle a été débaptisée quand Monsieur Mégret était encore au Front National ou pas ?". Malheureusement pour elle, Patrick Cohen a visiblement bien creusé ce dossier : "1997, absolument" rétorque-t-il. Pas désarçonnée pour autant, Marine Le Pen ajoute avec un sourire peinant à cacher une légère exaspération "C'est bien, parfait !". Avant de contre-attaquer : "Vous voyez, comme quoi, au Front national, il y a des sensiblités différentes à la différence de France Inter où manifestement il y a une sensiblité unique".
"Ah bon, laquelle ?" lui demande alors le matinalier. Et Marine Le Pen de se lancer dans une attaque en règle de la station publique : "Je ne sais pas, un espèce de vieux relent de bolchévisme". "De bolchévisme?" s'étonne Patrick Cohen. "Ouais, ouais, ouais" poursuit la leader du FN : "On vous appelle 'radio bolcho' en dehors des studios. Vous ne le savez pas ?". Devant le silence de ses interlocuteurs, elle poursuit : "On est toujours les derniers à savoir quel est le surnom qu'on vous donne". "Je ne sais pas" répond Patrick Cohen, hésitant. A Thomas Legrand qui lui demande si ce surnom vient du Front national, elle rétorque : "Ça dépasse largement, pour le coup, le cercle du Front national". Patrick Cohen glisse alors : "Si condamner l'Apartheid est bolchévique alors effectivement, nous sommes bolchéviques". "Oooh, ridicule Monsieur Cohen" s'exclame alors son interlocutrice avant d'ajouter : "C'est nul. Je vous connaissais meilleur dans les chutes".