Non, "L'Obs" ne chie pas sur ses lecteurs. Invité lundi de "Zemmour & Naulleau" sur Paris Première, Alain Finkielkraut avait fustigé l'hebdomadaire pour sa Une et son interview d'Emmanuel Todd, auteur d'un livre remettant en cause la sincérité de la manifestation anti-terrorisme du 11 janvier. "Je veux bien que l'ancien journal des idées devienne un magazine de mode mais pousser l'irresponsabilité jusque-là, cette manière de faire des scoops, c'est saisissant. (...) Ce livre et cette interview chient sur la tête des lecteurs de L'Obs, j'espère qu'ils sauront réagir et qu'ils protesteront !", avait-il dénoncé.
Invité de "La Médiasphère", diffusée demain à 16h10 sur LCI, Matthieu Croissandeau a réagi aux propos d'Alain Finkielkraut, "excessifs" selon lui. "Alain Finkielkraut a une pensée originale. Le problème, c'est qu'il voudrait que tout le monde pense comme lui. Il fait partie d'une famille de penseurs qui considère que tout était mieux avant. Nous, on considère que le changement, le monde d'aujourd'hui est intéressant", a expliqué le directeur de l'hebdomadaire, affirmant ne pas être "un journal monolithique" mais "un journal de débats".
De plus, Matthieu Croissandeau s'est défendu d'avoir "déroulé le tapis rouge" à Emmanuel Todd en lui accordant une interview, "genre journalistique qu'on assume". "Nous sommes un journal de débat, c'est-à-dire qu'on donne la parole à des gens, y compris quand ils ne pensent pas exactement comme nous. (...) Ce qui me fascine dans cette affaire, c'est que, si on écoute Alain Finkielkraut, il y a des gens qui auraient droit à des interviews - dont probablement Alain Finkieklraut et tous ses amis -, et puis il y a des gens qu'on devrait forcément confronter à des débats et à qui on ne devrait pas accorder d'interviews", a-t-il estimé.
"Typiquement, c'est un procès stalinien, c'est-à-dire qu'il y a des gens à qui on ne pourrait pas donner la parole parce qu'ils sont sulfureux, qu'ils ne pensent pas mainstream, qu'ils ne pensent pas comme tout le monde. Nous, on s'honore d'être un journal de débat où on défend la liberté d'expression, où on accueille des gens qui ont une grille de lecture particulière, et on ne changera pas. Ce n'est pas Alain Finkielkraut qui fera la ligne éditoriale de L'Obs", a conclu le patron de "L'Obs".