Les animateurs d'Europe 1 répondent aux questions de puremedias.com. Après Raphaëlle Duchemin et Patrick Cohen, place à Matthieu Noël. Depuis la rentrée, l'ex-humoriste de "C à vous" propose chaque jour une pastille dans "Europe Matin" avant de prendre les commandes de sa propre émission, "Rien ne s'oppose à midi", entre 12h et 12h30. À l'occasion de la journée spéciale dans les coulisses de la station, puremedias.com s'est entretenu avec Matthieu Noël.
Propos recueillis par Pierre Dezeraud.
puremedias.com : Comment se passe cette rentrée sans télé et avec encore plus de radio ?
Matthieu Noël : Ça change ! Et même beaucoup ! Je ne faisais quasiment plus de radio l'année dernière. Je n'avais d'ailleurs pas estimé le temps de travail. J'avais prévu de faire d'autres choses l'après-midi. Bon, j'y ai complètement renoncé. Je suis là à 4h30 tous les matins et je pars à 18h45. Ce sont des journées bien remplies. C'est, comme diraient les footballeurs, que du plaisir pour l'instant. Dans cette émission, je fais ce que je veux, j'ai le choix des sujets. Je peux vraiment faire l'émission comme je l'entends avec Guy et Eva que je considère tous deux comme des amis. Guy est quand même celui qui m'a lancé à la radio il y a douze ans. Le matin, j'ai aussi une totale liberté... Pour l'instant, je m'éclate. Mon seul doute, c'est de savoir si je vais réussir à tenir toute la saison à ce rythme.
"'C à vous' ? Il fallait que je passe à autre chose"
De fait, ce rythme fait qu'il aurait été complètement inimaginable pour vous de continuer "C à vous".
De toute façon, j'avais envie d'arrêter "C à vous". Ce n'était pas une question d'emploi du temps. Il fallait que je passe à autre chose et que je sorte de ma zone de confort. J'avais fait le tour de ce que je pouvais proposer, surtout que l'équipe ne change pas. À la limite, s'il y avait eu de nouvelles personnes autour de moi, j'aurais pu éventuellement le faire. Et encore !
La page étant tournée, on peut dire que la télévision ne va pas vous manquer.
Les gens vont penser que je crache dans la soupe mais c'est vrai que je n'ai jamais été particulièrement demandeur de télévision. On est venu me chercher pour cette émission qui est, je le dis encore, très différente de toutes les autres émissions de télévision. Il n'y a pas de public ou de chauffeur de salle qui est là pour faire la claque artificiellement. Là, on est très proche des gens et on oublie assez vite les caméras. C'est ce que j'aimais. J'ai eu l'occasion de participer une fois dans ma vie à une autre émission de télévision et j'ai découvert ce que c'était d'aller à La Plaine Saint-Denis dans un truc très froid, très carré. En définitive, oui, je préfère la simplicité de la radio.
"Noël s'en mêle" le matin, c'est une forme de prolongement du "Debrief" de "C à vous", notamment du fait de votre lien avec Patrick ?
Complètement. Nous en avons d'ailleurs discuté avec la direction d'Europe 1 quand on a eu l'idée de cette chronique. L'idée, c'est de me moquer de l'actu et, si possible, de créer du liant avec Patrick et l'équipe autour de la table. De toute façon, avec Patrick, on a une telle complicité maintenant que je ne pourrais pas faire autrement que me foutre de sa gueule (rires).
Depuis le temps, vous êtes comme chez vous dans cette maison ?
Trop à l'aise, même. Je me sens vraiment chez moi ici. J'ai signé mon premier vrai contrat ici et je n'en ai jamais bougé. Il y a eu des moments avec plus ou moins d'antenne. Donc, aujourd'hui, j'ai la chance de connaître tout le monde, que ce soit les anciens ou les nouveaux.
"Europe 1 a toujours été sympa avec moi alors que depuis sept ans, je n'arrête pas de me foutre d'eux"
Comment avez-vous vécu ces années durant lesquelles les fortunes d'Europe 1 ont été pour le moins diverses ?
Oui, c'est le moins qu'on puisse dire. Après, concernant les audiences, je ne suis pas sûr que la matinale de Thomas Sotto était mauvaise. Moi, je l'écoutais et c'était très agréable. Je pense que ce qui s'est passé est relativement injuste. De temps en temps, il semble que l'on soit obligé de changer les gens et de relancer de nouveaux projets. Celui auquel on m'a proposé de me joindre en juin dernier avait tout pour me plaire. J'hésitais encore à continuer la radio et je me suis dit que je ne pouvais pas passer à côté, surtout avec Patrick qui reprenait la matinale. Et je tiens à dire qu'Europe 1 a toujours été sympa avec moi alors que depuis sept ans, je n'arrête pas de me foutre d'eux, notamment sur les audiences.
Vous étiez dans quel état d'esprit avant que la direction d'Europe 1 vous propose la chronique matinale et l'émission de la mi-journée ?
Pour tout vous dire, j'avais prévu de tout arrêter pour me consacrer à mes projets d'écriture pour le cinéma. Emmanuel Perreau, le directeur général des programmes d'Europe 1, m'a contacté et m'a fait cette proposition. Je ne pouvais pas refuser, j'aurais eu trop de regrets.
Vous qui avez toujours été chroniqueur, vous êtes à l'aise dans votre rôle de petit chef de bande ?
Oui, j'avais un doute là-dessus. Finalement, je prends beaucoup de plaisir à faire cela puisque je mets pas mal d'écriture dans les lancements pour enrober l'émission. L'idée, c'est vraiment d'avoir du rire et de la bonne idée mais surtout du fond. Je veux qu'on apprenne des choses. On n'est pas là pour faire de l'insolite !
L'écriture, c'est vraiment ce qui vous permet de "patter" l'émission ?
Oui, je ne pourrais pas faire une émission en disant "Bonjour, bienvenue sur Europe 1" et en improvisant derrière. Il y a des gens qui le font très bien. Edouard Baer est parfait dans cet exercice, par exemple. Moi, sans mes fiches, ça n'a aucun intérêt. Je suis obligé d'écrire pour avoir du relief, je n'ai pas de talent d'orateur.
"Écrire pour le cinéma ? On verra plus tard !"
Où en sont vos projets d'écriture pour le cinéma ? À l'arrêt ?
Absolument pas. J'ai interrompu la co-écriture d'un long métrage cet été. Au bout de deux semaines, j'ai été obligé de jeter l'éponge. J'ai été trop gourmand, je n'ai pas mesuré le temps que me prendrait la radio cette année. Cette année, c'est 100% radio mais j'espère que c'est reculer pour mieux sauter.
Pas de frustration ?
Je prends tellement de plaisir dans l'activité radio que je ne me dis pas "Mince, je suis en train de rater ma vie". On verra plus tard !
Même si le rendez-vous est manqué pour cette année, le cinéma, c'est vraiment la marche suivante ?
On verra si je la passe un jour. C'est un autre milieu, il faut nouer des contacts aussi, ne serait-ce que pour être lu. J'ai eu la chance qu'on m'appelle pour me proposer des choses que j'ai dû refuser. J'espère que l'on me fera d'autres propositions même si, pour l'instant, je ne suis pas opérationnel. On verra l'année prochaine !
Vous ne vous inscrivez pas dans le long terme à la radio ?
Si, je vais essayer de maintenir quelque chose en radio. On verra bien comment ça se passe. Peut-être que j'arriverai à trouver un autre rythme.