Il succède à Bruce Toussaint et Nikos Aliagas. Lors de la 3e édition des Radio Notes 2019, organisée par puremedias.com et "20 Minutes", Nagui a été sacré voix masculine des radios généralistes de l'année avec 17,0% des suffrages, devançant Julien Courbet et Laurent Ruquier. A cette occasion, puremedias.com s'est entretenu avec l'animateur de "La bande originale" de France Inter pour évoquer avec lui la radio mais aussi France 2 et le retour annoncé hier soir d'"Intervilles".
Propos recueillis par Kevin Boucher.
puremedias.com : Vous êtes sacré voix masculine des radios généralistes de l'année. Cela vient clore une belle année pour vous !
Nagui : Ce n'est pas trop mal, entre le sondage "TV Mag" d'un côté et le vôtre de l'autre. Il y a plus grave docteur, je vous confirme ! (Sourire) C'est d'autant plus touchant que ce sondage car, autant sur "TV Mag" il y a une espèce de danse entre Michel Cymes, Stéphane Plaza et moi depuis quelques années, autant sur le vôtre c'est une vraie surprise, avec un nombre de participants toujours important. Et c'est la récompense d'un travail d'équipe puisque nous sommes une demi-douzaine chaque jour à faire cette émission. C'est une récompense au nom de toute l'équipe et de l'émission.
Vous avez démarré votre 6e saison. Vous n'éprouvez aucune lassitude ?
Non seulement aucune mais surtout, je n'imaginais pas rester si longtemps, que cela fonctionne autant et y prendre autant de plaisir... en tout cas quand on a la chance de faire l'émission, ce qui est moins le cas en ce moment. Je ne me rends pas compte si c'est long ou jeune 6 ans en radio. La dernière fois que je suis resté longtemps dans une radio, c'était RTL et ça a duré 20 ans. Je pense pouvoir dire que je ne resterai pas 20 ans à France Inter, d'autant plus avec les changements de directions - même s'ils ne sont pas planifiés dans les prochaines semaines. Nous sommes toujours un peu fragiles dans ce genre de situation. Mais cela reste un exercice agréable. Et, avec Leïla Kaddour-Boudadi, Tanguy Pastureau, Daniel Morin et la bande, c'est particulier de retrouver tous les jours en direct une bande de potes avec lesquels on s'amuse. C'est extrêmement agréable. Puis c'est une émission qui me demande beaucoup de travail et de préparation, beaucoup plus dense et intense qu'un jeu en tant qu'animateur. Là, pour 1h30 d'antenne, j'ai facilement 20 à 30 fois plus d'heures de travail.
"J'espère une solution rapide dans le conflit à Radio France"
Vous ne pensez pas rester 20 ans mais les audiences plaident en votre faveur. Au quart d'heure moyen, vous talonnez RTL, leader à cette heure, avec moins de 100.000 auditeurs d'écart. L'objectif, c'est de les doubler ?
La différence entre vous et moi, c'est que vous regardez le quart d'heure moyen et moi l'audience cumulée. Sur ce dernier critère, nous sommes déjà passés devant RTL l'année dernière, à deux reprises. (Sourire) J'ai ce malin plaisir à vouloir évidemment continuer cette compétition avec lui, d'autant plus que je le respecte. Evidemment, le challenge de l'audience rentre en ligne de compte mais, très sincèrement, le véritable moteur est le plaisir. Si nous étions leader en permanence sans aucun plaisir, je m'arrêterais quand même. Et si on n'est pas leader et que j'ai énormément de plaisir, je continuerais.
Le challenge est un plaisir quand même ?
Oui oui. Je ne vais rien vous apprendre : je suis un compétiteur, j'aime ça et je n'aime pas perdre. Mais cela ne veut pas dire que je me satisfais de gagner ou que je pleure et me roule en boule quand je ne gagne pas. A la base, je ne démarre pas un jeu ou une compétition sans avoir envie de gagner, c'est évident. Mais je ne le fais pas dans des domaines que je n'aime pas. La radio, j'adore ça. J'ai commencé à la fin des années 70 sur les radios pirates en Italie et en France. Et j'ai déjà eu des moments dans ma carrière où je n'avais aucune émission en télévision mais j'avais toujours la radio.
France Inter est en grève depuis un mois, avec une antenne très perturbée. Comment gère-t-on cela en tant qu'animateur ?
C'est frustrant. Sans faire de langue de bois, d'un côté, on peut se dire qu'il y a le droit de grève et qu'il est exercé. Je ne veux pas rentrer dans le conflit mais j'ai l'impression qu'il y a une espèce d'impasse atteinte aujourd'hui où l'antenne est totalement blanche... mais la playlist est plutôt bonne ! (Sourire) Je reçois des messages d'auditeurs qui l'apprécient, qui disent que ça leur fait du bien. Dans le climat difficile actuel à Paris, je trouve que la musique relaxe et qu'il s'agit d'un équilibre extrêmement complémentaire. Maintenant, ce qui est frustrant, c'est d'avoir travaillé et préparé une émission : des humoristes qui ont préparé des billets d'humeur en fonction de l'actualité, des invités qui sont déprogrammés une heure avant... Il y a beaucoup d'incidence, de gâchis. D'un côté, vous vous dites que c'est dommage, de l'autre qu'ils ont le droit et au milieu, vous vous demandez quelle est la solution et si elle va être trouvée - et je l'espère rapidement, quelle qu'elle soit.
"La fin de la réflexion a été comme une évidence pour 'Intervilles'"
En télévision, vous avez annoncé le retour surprise d'"Intervilles". Cela signifie donc que "Jeux sans frontières" passe à la trappe ?
Complètement, oui.
Pourquoi ce retour d'"Intervilles" a-t-il mis tant de temps ? C'est un projet dont vous avez souvent parlé ces dernières années.
Banijay détient "Intervilles" et "Jeux sans frontières". Nous avons longtemps parlé avec la chaîne de l'idée de faire une émission familiale, emblématique, où la promesse du divertissement bon enfant et intergénérationnel se retrouve. Là-dessus, il y a eu plusieurs hésitations. Des pays européens nous ont contacté pour faire "Jeux sans frontières", voire même une version mondiale étant donné que Banijay est un groupe mondial. Puis, en travaillant en interne et avec la chaîne, on a trouvé que la demande latente du public était plus forte sur "Intervilles" que sur "Jeux sans frontières". Je ne vous cache pas que, même moi personnellement, ayant vécu ces années-là devant ma télévision, j'ai toujours eu plus de plaisir à voir "Intervilles" que "Jeux sans frontières", qui a une lecture différente puisqu'il y a 8 à 10 pays en compétition en même temps qui rapproche presque de l'Eurovision avec une masse d'information. De l'autre côté, sans tomber dans la guerre de clochers, il y a deux villes que l'on situe très bien. Nous avons trouvé beaucoup plus efficace de se dire que ces deux villes qui s'affrontent dans la bonne humeur seront plus identifiantes. C'est comme un match de championnat de France de football.
Par ailleurs, dans la réflexion, nous avons aussi hésité avec ce format et une nouveauté, totalement différente, qui aurait été un nouveau concept. Nous nous sommes donc demandé si nous partions sur une mécanique de jeu familial moderne mais totalement nouvelle et finalement sans savoir s'il y avait une envie ou une attente particulière, ou si le côté madeleine de Proust d'"Intervilles" était plus important, auprès de tous les publics, ceux qui l'ont connu comme les jeunes. Mais quand vous voyez le succès familial de "Fort Boyard", la fin de la réflexion a été comme une évidence pour tout le monde sur "Intervilles".
C'est plus simple aujourd'hui de relancer une marque culte qu'une nouveauté ?
Oui et non parce que, lorsque vous relancez une marque culte, vous avez aussi le danger de l'abîmer, donc de la moderniser tout en restant fidèle à ses fondamentaux, de ne pas décevoir aussi ceux qui l'appréciaient auparavant et d'apporter suffisamment d'originalité et de modernité pour garder le côté intergénérationnel entre mon fils qui a 7 ans et moi qui en ai 8 fois plus.
"Dans 'Intervilles' 2020, la vachette oui, les animaux non"
Vous avez annoncé Olivier Minne, Bruno Guillon et Valérie Bègue à l'animation. Vous n'apparaîtrez pas à l'antenne ?
Pas du tout. Je serai dans le car régie.
En septembre dernier, vous déclariez au "Parisien" ne pas vouloir de vachettes dans ce qui était alors un hypothétique retour d'"Intervilles". Est-ce toujours le cas ?
Je vais vous donner une réponse, je ne vais pas développer derrière : dans "Intervilles" 2020, la vachette oui, les animaux non.
Une vachette mécanique peut-être ?
La vachette oui, les animaux non. Je vous ai prévenu avant. (Rires)
"'Intervilles' arrivera au premier semestre 2020"
Takis Candilis nous disait la semaine dernière que "Jeux sans frontières" était prévu pour le premier semestre 2020. Vous gardez le même calendrier pour "Intervilles" ?
Oui oui, absolument.
Vous avez animé le Téléthon cette année encore. Les promesses de dons étaient en hausse. Comptez-vous proposer malgré tout une émission supplémentaire comme l'an passé ?
Non. J'ai proposé à la direction mais ce n'est pas possible. En plus, sincèrement, le "Taratata" du début d'année a été monté en trois semaines environ, avec 4 coups de fil dont la chaîne qui accepte immédiatement. Mais peut-être que France 2 avait une case disponible et ça résolvait un problème pour eux. Là, j'ai posé la question mais ce n'est pas dans les tuyaux. Je ne vais pas me plaindre de la quantité de programmes que nous produisons.
Enfin, les 25 décembre et 1er janvier, vous proposez une nouvelle édition de "N'oubliez pas les enfants". C'est différent d'un "N'oubliez pas les paroles" traditionnel pour vous ?
C'est dingue ! Les enfants sont sans filtre, avec une fraîcheur et un naturel avec lesquels il faut surfer. Les enfants ont ce naturel, ces vannes qui fusent... C'est un régal à faire. Et, en même temps, ils ont une maturité impressionnante dans leurs connaissances musicales, dans leur manière de chanter, de tenir le micro, de regarder la caméra, de se tenir en public... Jamais à leur âge je n'aurais pu faire ça ! C'est incroyable ! C'est sûrement générationnel, avec les smartphones et autres. C'est une espèce de bulle au milieu de "N'oubliez pas les paroles", comme lorsque nous tournons les masters avec les grands maestros. C'est totalement ma came, j'adore ça, ça rappelle le direct. Si les budgets des chaînes le permettaient, je ne ferais que du direct ! De toute façon, je ne fais aucun montage ni ne refais les prises. Surtout, nous oublions la monotonie alors que nous sommes là 6 jours sur 7, tous les mois de l'année. C'est difficile de maintenir un tel taux d'écoute, une telle fidélité, de ne pas décevoir... C'est une histoire qui tellement magique qu'il faut se rendre compte de la chance que l'on a et la respecter.