Selon Les Echos, Netflix aurait décidé de se lancer en France depuis le Luxembourg. La plate-forme vidéo américaine ferait ainsi du Grand-Duché son point d'ancrage juridique pour son lancement dans l'Hexagone prévu à l'automne prochain. A en croire le quotidien économique, les dirigeants de Netflix auraient fait part de leur décision à la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, confirmée à son poste ce matin, lors d'une rencontre la semaine dernière.
Au cours de cette entrevue, la firme américaine aurait affirmé avoir choisi le Luxembourg non pour sa fiscalité très avantageuse mais pour sa plus souple réglementation. Netflix espère ainsi échapper aux nombreuses règles s'imposant aux médias dans l'Hexagone. Parmi elles, l'obligation, à partir de 10 millions d'euros de chiffre d'affaires, de financer la création française via des achats de films et de série mais aussi celle de promouvoir des oeuvres françaises et européennes. Cette dernière obligation est en effet particulièrement contraire au modèle économique de Netflix qui a bâti une partie de son succès sur la recommandation de programmes en fonction des goûts de ses utilisateurs. Avec cette possible implantation au Luxembourg, la plate-forme de streaming compterait bien garder la main sur sa programmation, même en France.
Si elle se confirme, cette décision constituerait en tout cas un premier revers pour Aurélie Filippetti. Au cours des derniers mois, la ministre de la Culture s'est fortement impliquée dans ce dossier, n'hésitant pas à mettre fermement en garde la firme américaine sur un éventuel non-respect du principe d'exception culturelle française. En cas d'implantation en dehors de France, les moyens de pression du gouvernement français s'amenuiseraient considérablement.
Les regards se tournent maintenant du côté des fournisseurs d'accès à internet (FAI) français avec lesquels Netflix devra s'entendre pour distribuer ses vidéos en France. D'après Les Echos, la firme américaine chercherait à imposer son propre lecteur vidéo sur les box des opérateurs français afin de garder la maîtrise de la livraison des films jusque sur les téléviseurs. Si ces négociations aboutissaient favorablement pour la plate-forme vidéo, elles nécessiteraient des adaptations techniques chez les FAI français qui pourraient repousser l'envol de Netflix en France à la fin de l'année 2014. En attendant, le producteur de "House of Cards" préparerait déjà le terrain et aurait acheté, toujours selon Les Echos, deux data centers en France pour héberger ses contenus.