Une arrivée sous surveillance. Aurélie Filippetti a tenu à mettre en garde aujourd'hui Netflix dans un entretien accordé au Journal du Dimanche. Après des mois d'atermoiements, la plate-forme américaine de vidéos en streaming devrait en effet arriver en septembre prochain en France. Les dirigeants de Netflix ont ainsi déjà tâté le terrain en effectuant une tournée dans l'Hexagone en décembre dernier. Ils y ont rencontré les différents acteurs du secteur et ont notamment été reçus à l'Elysée. Déjà présent en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas et dans les pays scandinaves, Netflix a également confirmé cette semaine son intention de "s'embarquer cette année dans une expansion importante en Europe" avec, dans son viseur, le marché français.
L'arrivée de la firme de Los Gatos inquiète déjà les professionnels du secteur. Pour tenter de les rassurer, Aurélie Filippetti a voulu montrer sa vigilance. "Je ne suis pas fermée aux nouveaux acteurs du numérique, surtout lorsqu'ils proposent une offre légale de films et de séries" a dans un premier temps affirmé la ministre de la Culture. Avant de poser ses conditions à l'opérateur américain : "Mais s'il veut s'installer ici, Netflix doit se plier aux régulations qui font le succès de notre industrie, notamment en matière de financement de la création. C'est une condition sine qua non pour préserver notre écosystème (...) Netflix doit être un acteur supplémentaire du système, pas un passager clandestin qui profite sans abonder la création française" a averti Aurélie Filippetti.
La ministre a également souligné que pour s'installer en France, l'entreprise américaine devra aussi "s'approvisionner en films français pour séduire le public hexagonal" et "favoriser le développement de la diversité culturelle". Avant de mettre en garde Netflix contre tout éventuel contournement de la loi française : "Je suis persuadée que Netflix jouera la carte de la légalité et ne se comportera pas en pirate. Sinon, tout un arsenal de mesures est à notre disposition (...) Une réponse législative pourra aussi être envisagée" a-t-elle menacé. Et Aurélie Filippetti de rappeler que "l'exception culturelle était un principe intangible", "une ligne rouge" en France.