Une chorégraphie bien rodée. Surgissant de l'escalier situé en bordure de plateau, Bruce Toussaint ouvre sa matinale dans le noir, "Lovely day" de Bill Withers en fond sonore. Tour à tour, il accueille ses neuf chroniqueurs du jour au son des "Bonjour !", nom de la matinale qu'ils incarnent désormais officiellement sur TF1. "Juste avant qu'on commence, vous êtes sûrs que tout le monde a bien retenu le nom de l'émission", conclut-il finalement assis au bout de la table qui trône au centre du studio situé au premier étage de la tour TF1. C'est dans cet écrin que l'ancien visage de BFMTV et son équipe de 16 chroniqueurs accueilleront chaque jour les téléspectateurs de la Une dès 7h et jusqu'à 9h30.
Pour sa première, l'équipe de la matinale de la Une a tracé les contours de son nouveau rendez-vous entre ancrages locaux, bonne humeur affichée et prévisions météo en extérieur... Les ingrédients d'une recette composée avec minutie ces derniers mois par l'info du groupe TF1 pour tenter de s'imposer sur le créneau matinal, où la Une était quasiment absente jusqu'ici. Puremedias.com a regardé la première de "Bonjour !" et livre ses bons et ses mauvais points.
Après avoir présenté son équipe du jour, l'animateur de 50 ans laisse la place à Ange Noiret pour la météo puis à Garance Pardigon pour le premier journal d'information. L'ancien visage du "20 Heures" de la chaîne donne directement le ton local du rendez-vous en mobilisant à plusieurs reprises les envoyés spéciaux de la matinale déployés sur le territoire français pour évoquer les chutes de neige dans certains territoires. Emmitouflé dans leurs doudounes, de la neige en toile de fond, ils commentent en temps réel le ressenti des températures à Saint-Etienne ou à Orléans à la façon des duplex des envoyés spéciaux des tranches infos de BFMTV. Rien d'exaltant ni de révolutionnaire mais TF1 tient sa promesse de mise en avant des régions dès les premières minutes de son programme matinal. Un angle de bataille confirmé quelques minutes plus tard avec la présence de Stefan Etcheverry en direct d'une exploitation agricole de l'Essonne. Bon point donc.
Maud Descamps a ensuite inauguré le marathon de chroniques de l'émission en se penchant sur l'étiquetage des produits du petit déjeuner dans sa chronique conso. Sans surprise, l'ancien visage de "Télématin" est très à l'aise dans l'exercice, distribuant des aliments à ses camarades pour les mettre au défi de trouver leur provenance. Le médecin Vincent Valinducq profite d'un focus sur le miel pour apporter son expertise sur ses bienfaits pour la santé. "Et le pot, il faut changer le pot parce que c'est en plastique", note Monique Younès, attentive à l'aspect écologique des aliments. "Oui, ce serait bien de mettre du verre", renchérit Maud Descamps. La bande est déjà complémentaire, bon point là encore. Au jeu de l'interaction, les anciens visages de France 2 et RTL, rompus à l'exercice, s'en sortent le mieux. On notera ensuite les réflexions teintées d'humour de Christophe Beaugrand et les remarques pleines de bon sens de Monique Younès.
S'ensuit une séquence où un journaliste assiste au petit-déjeuner d'une famille près de Nice pour rebondir à la première chronique. La mère de famille, poêle à la main, détaille le repas de ses enfants et de son conjoint. "Et vous Bruce, ce matin comment s'est passé votre petit-déjeuner, est-ce que vous avez eu le temps de le prendre ?", conclut le reporter. Si Vincent Valinducq donne à nouveau de la contenance au reportage en soulignant l'importance d'un petit-déjeuner équilibré pour les enfants, on sent déjà que l'émission compte bien rentabiliser au maximum ses 12 correspondants, quitte à sombrer dans l'illustration creuse. Cela nous fera le même effet lors du duplex auprès de la famille "Bonjour" en marge de la chronique de Monique Younès - par ailleurs excellente - sur les origines du mot "bonjour". Mauvais point.
Après une première page de pub au bout de 20 minutes, Karima Charni surprend Bruce Toussaint en lançant une vidéo où plusieurs visages de TF1 souhaitent leurs meilleures intentions à Bruce Toussaint pour sa première. Plusieurs minutes d'auto-congratulation télévisuelle estampillée TF1 qui nous font sortir de la raison pour laquelle on est là : l'info. La même Karima Charni consacrera plus tard dans l'émission sa chronique culture au retour de "Plus belle la vie" sur la Une. À nouveau, l'auto-promo l'emporte alors que la française Justine Triet a remporté plusieurs Golden Globes quelques minutes plus tôt à Los Angeles. Un choix éditorial pas étonnant mais décevant étant donné l'actualité. Un nouveau mauvais point après les mentions de "Bonjour !" dans le "13 Heures" de Jacques Legros, sur le plateau de la "Star Academy" et dans le "20 Heures" d'Audrey Crespo-Mara.
Au milieu de la succession de chroniques, les interventions d'Ange Noiret en direct des bords de Seine après une première intervention en plateau soufflent la bonne humeur à l'écran comme sur le plateau. Bonnet sur la tête, l'ancien prévisionniste de la matinale de LCI n'a de cesse de répéter "le ressenti glacial" des températures. "Vous allez pouvoir voir au fur et à mesure des bulletins l'évolution de la couleur de mon nez. Vraiment, on se gèle", blague-t-il dans la capitale encore endormie. Chacun de ses passages sera ensuite une nouvelle occasion pour l'équipe en plateau de lui envoyer de nouvelles vannes. On n'est pas certain que l'expérience soit amenée à se pérenniser pour la présentation de la météo mais on l'espère tant elle est originale et rafraîchissante. Bon point.
Il est environ 8h08 lorsqu'Adrien Gindre apparaît pour la première fois à l'écran face à Xavier Bertrand. Aucune révolution pour l'interview politique pilotée par le journaliste qui la mène comme sur la chaîne d'information du groupe. C'est Bruce Toussaint qui conclut l'interview en posant l'ultime question. L'animateur surprend ensuite avec une interview de William Leymergie, visage emblématique de "Télématin" durant 32 ans. La surprise fait effet, et vaut bien un bon point.
Pascal Obispo conclut le défilé d'invité de la matinale à 8h45. "Je ne vous ai pas proposé un café, vous voulez quelque chose ?", demande l'animateur, feintant un peu grossièrement de recevoir le chanteur chez lui. "Puisque vous essuyez les plâtres ce matin, nous avons un petit questionnaire du matin si vous le permettez, Pascal", annonce-t-il ensuite. S'ensuivent des questions sur les habitudes matinales de l'artiste. Vous apprendrez donc qu'il dit "bonjour" pour saluer ses amis et qu'il est adepte du "hug". Sans grand intérêt, cette première partie de l'interview est un mauvais point.
Après des questions promotionnelles plutôt traditionnelles, Hélène Mannarino entre en scène pour délivrer le portrait de Pascal Obispo. À l'instar du "Portrait inattendu" dont elle était la voix sur Europe 1, elle étale les informations parfois insolites sur le chanteur de 59 ans. On regrette un peu la version radiophonique du format en raison des nombreuses interventions de Pascal Obispo qui rompent le rythme de la séquence. Mais retrouver l'animatrice de "C Canteloup" dans cet exercice est si réjouissant qu'on a du mal à lui donner un mauvais point.
Bruce Toussaint laisse ensuite les clés de l'interview à ses chroniqueurs. Chacun y va de ses centres d'intérêt : Monique Younès l'interroge sur ses tatouages, Benjamin Muller sur sa façon d'éduquer son fils au sport, Christophe Beaugrand se réjouit d'avoir un partenaire dans la bataille chocolatine contre pain au chocolat et Karima Charni dévoile son attrait pour NTM et le rap. Chaque intervention est ponctuée d'une référence à l'info des derniers jours et permet d'en apprendre autant sur l'actualité que sur l'invité. Nouveau bon point.
"Je vous souhaite vraiment tout le succès que vous méritez et merci pour cette émission", conclut Pascal Obispo après avoir interprété "Comment s'aimer" sur la scène improvisée du plateau et sous les yeux émerveillés des chroniqueurs massés face à lui. Le programme se clôture à 9h30 pile. "Merci d'avoir été là dès la première, merci mille fois, à demain", conclut Bruce Toussaint. La matinale se conclut sans aucune révolution du format à l'horizon dans cette proposition made in TF1. Pour autant, le ton, l'ambiance et le style du programme donnent envie d'en voir un peu plus malgré quelques approximations. Reste à savoir combien de téléspectateurs auront dit bonjour à "Bonjour !" pour cette première.