Mépris social. Au lendemain du discours du président de la République à Saintes (Charente-Maritime), au cours duquel Emmanuel Macron a dévoilé les contours et les moyens - 1 milliard d'euros par an supplémentaire - alloués aux lycées professionnels, Olivier Dussopt, a assuré, ce vendredi 5 mai 2023, le service après vente de la réforme.
Invité des "4 vérités", l'interview politique de "Télématin" sur France 2, le ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion s'est agacé du "mépris" des observateurs de la vie politique, parmi lesquels les journalistes, vis-à-vis de ce sujet jugé trop "technique".
"Les organisations syndicales ont fait valoir des points de vigilance mais j'ai entendu quelques réactions, y compris dans les commentaires médiatiques, disant finalement que tout ça est très technique. On parle de stages, on parle de modules, on parle de réforme du fonctionnement des lycées professionnels. Est-ce qu'au fond, (tout cela relève) vraiment du niveau du président de la République ?", a-t-il rapporté au micro de Cyril Graziani qui s'est demandé : "Il y a là une forme de mépris pour vous ?".
"Je pense que c'est une forme de mépris. Je trouve ça assez scandaleux", a-t-il repris. "Vous pensez à qui ?", a rebondi le journaliste. "Cela peut-être des commentateurs, cela peut-être parfois malheureusement des commentaires journalistiques. S'ils avaient plus souvent dans leurs familles des élèves inscrits en lycée professionnel, s'ils étaient plus souvent confrontés aux difficultés de l'insertion professionnelle, ils n'auraient pas forcément cette forme de condescendance", a-t-il déploré, pointant là un manque de mixité sociale parmi les commentateurs.
"Nous parlons d'adolescents, les élèves de lycées professionnels (650.000 en France, ndlr), qui, en moyenne, ont eu plus de difficultés scolaires que les autres. Nous parlons d'adolescents, qui vivent dans des familles qui, en moyenne, sont plus défavorisées que (celles des élèves de lycées) d'enseignement général. Il y a 3% des élèves de lycées professionnels qui ont des parents cadres ou professions libérales. C'est presque 30% dans les lycées généraux", a-t-il dressé le tableau sur la base de statistiques ministérielles.
Avant de reprendre à son compte l'analyse de Cécile Cornudet, journaliste aux "Échos", qui s'est dit "contre une aristocratie des réformes" après avoir constaté que les chaînes info avaient "très vite" interrompu la diffusion du discours d'Emmanuel Macron. "Je partage cela. Cette réforme a un objectif : faire en sorte que ces jeunes qui vont vers les lycées professionnels soient formés à des métiers qui existeront demain", s'est-il félicité. Dans sa déclaration d'intention, Emmanuel Macron à émis le souhait de rapprocher les lycées professionnels des entreprises, ce qui inquiète les acteurs de la filière. puremedias.com vous propose de visionner la séquence.