Feu orange pour Vincent Bolloré. Le milliardaire pourrait voir son projet d'OPA sur le groupe Lagardère bloqué par Bruxelles, comme le révèle ce mercredi "La Lettre A". Selon les informations du média spécialisé, la Commission européenne s'oppose à titre préliminaire au rapprochement des deux groupes. Selon les premières constatations, ce mouvement n'est "pas compatible avec le marché intérieur et le bon fonctionnement de l'accord sur l'espace économique européen", comme l'explique un document signé par Margrethe Vestager, le Commissaire européen à la concurrence.
Mais qu'est-ce qui fait tiquer Bruxelles ? La formation potentielle d'un acteur hyperpuissant sur les marchés de l'édition et des magazine people. En mettant la main sur le portefeuille Lagardère, Vivendi récupérerait de facto Hachette, le leader français de l'édition et troisième mondial.
Pour satisfaire les autorités de la concurrence, le groupe de Vincent Bolloré souhaitait donc se séparer d'Editis, en passant par une cotation distribution. En clair, faire entrer en Bourse (Euronext Growth) le géant de l'édition, et permettra à un nouvel actionnaire d'acheter entre 37 et 49,9% du capital. Plusieurs candidats se seraient déjà montrés intéressés selon "Le Figaro" : le milliardaire Daniel Kretinsky, le groupe mondadori, Stéphane Courbit, le groupe Reworld Media et le groupe canadien Quebecor. Mais, selon le document confidentiel de 345 pages, cette solution ne satisfait pas l'UE. Plutôt que ce montage, l'antitrust préférerait une cession pure et simple de la totalité d'Editis à un autre acteur.
En plus des pépins sur le marché de l'édition, Vivendi n'a pas non plus répondu aux craintes sur la concentration dans le secteur des magazines people. Après cette OPA sur Lagardère, le groupe aurait dans son giron "Paris Match" en plus de "Gala" et "Voici". "Marianne" avait déjà relayé les inquiétudes de l'antitrust en décembre, celui-ci avait "déploré" l'absence d'engagements sur ce segment. Selon l'hebdomadaire, si vente il devait y avoir, Vincent Bolloré préférait conserver "Paris Match", qui est plus vendu que "Voici" et "Gala" et dont la valeur symbolique est plus forte. Au grand dam de la rédaction qui déplore déjà une emprise du milliardaire sur la ligne éditoriale - alors que celui-ci n'a pas le droit d'interagir avec le titre tant que la fusion n'est pas effective.
Si l'UE s'oppose pour l'instant à titre préliminaire à l'OPA, ce premier avis n'annonce rien de bon pour le déroulé de la fusion. Tout n'est cependant pas joué, les conclusions émises peuvent encore évoluer jusqu'à la date du 23 mai. Le groupe Vivendi qui publiera ses résultats ce mercredi 8 mars pourrait fait de nouvelles concessions.