Soyons honnête : Guillaume Canet est meilleur réalisateur qu'acteur. Ses performances devant la caméra relèvent souvent du médiocre, mais il est tout autre derrière. Mon Idole était une très bonne surprise, sorte de comédie noire et foutraque à la Dupontel. Ne le dis à personne était un thriller honnête, bien interprété. Et avec Les Petits Mouchoirs, Canet revient aux films de copains chers à Claude Sautet et Yves Robert. Pour notre plus grand plaisir.
Le film commence par un admirable plan séquence sur Jean Dujardin. On le voit se droguer, faire la fête,puis se faire renverser par un camion au volant de son scooter. C'est là la première erreur de Canet : se priver d'un des meilleurs comédiens français. Car Dujardin apparaît par intermittence, surtout dans les scènes à l'hôpital où il est complètement défiguré.
On découvre que le personnage de Dujardin avait une bande de potes, avec qui il passait ses vacances au Cap Ferret. Le groupe décide malgré tout de passer les vacances sans lui. C'est à ce moment là que les rancoeurs, les amertumes, et les vérités vont éclater.
Max, l'irascible, Vincent, l'homosexuel refoulé amoureux de Max, Antoine, l'amoureux transi très relou, Eric, le comédien raté coureur de jupons, Marie, la globe-trotteuse coureuse de jupons... Les personnages sont inégalement traités : ceux de Magimel, Cotillard, et Lellouche sont bien esquissés mais ceux de Lafitte et Cluzet sont caricaturaux. Il faut dire que Cluzet en fait des caisses tandis que Laffite manque de charisme, ayant une très grande ressemblance avec Michel Leeb. On a même peur par moments qu'il nous fasse l'accent africain ou chinois. Quant aux autres personnages féminins (Marivin, Arbillot, Bonneton et Monot), ils sont décoratifs et peu intéressants.
Tous les comédiens sont globalement bons mais ils ne sont pas aussi touchants que ceux des films de Sautet. En même temps, leurs personnages ne sont pas aussi profonds et justes que ceux de Vincent, François, Paul et les autres. Disons qu'on les apprécie quand même.
Le film est plutôt bien écrit, dans l'air du temps. Guillaume Canet réussit à nous offrir ces instant de vie qui nous émeuvent et nous bouleversent. Les Petits Mouchoirs regorge ainsi de moments drôles, savoureux, comme lorsque l'amant de Cotillard nous offre un boeuf à la guitare. Dommage que Guillaume Canet ait cru bon de nous offrir un final en tire-larmes.
On ressort malgré tout content du film, car un acteur nous a ébloui : Jean Dujardin. Il suffit de le voir affublé d'une perruque et imiter Bonnie Tyler ou nous expliquer la gerboulade pour qu'on soit conquis. Canet aurait dû lui offrir plus de scènes. Et, peut-être, jouer aussi un peu moins.