Les salariés de "Libération" ont tenu à exprimer publiquement leur point de vue sur le projet de restructuration présenté lundi dernier par leur nouvelle direction. Ce dernier doit notamment entraîner le départ de près d'un tiers des salariés du titre de presse (93 personnes) et s'accompagner d'une refonte des méthodes de travail au sein de la rédaction.
Dans un texte publié aujourd'hui dans leur propre journal, les salariés de "Libé" ont ainsi critiqué un "projet irréaliste" mettant "en danger le journal". Selon eux, "il risque d'anéantir l'aventure que 'Libération' a menée depuis plus de quarante ans avec ses lecteurs : un regard critique mais non partisan sur les évolutions de la société". Le personnel du quotidien a ainsi mis en garde : "Cette équipe a un héritage à défendre, elle en a le devoir. Non par passéisme mais par fidélité à ses valeurs journalistiques, déontologiques, éthiques, culturelles, humaines".
Les salariés ont en outre dénoncé le "climat de défiance" installé selon eux par la direction, qui, "outre un plan social mutilant, entend refondre les contrats de travail, avec à la clé un chantage au licenciement". Ils ont fait savoir qu'ils opposaient "un refus catégorique à tout départ contraint".
Estimant ne pas être "hostile au changement" mais au contraire le réclamer, le personnel de "Libé" a enfin reproché à la direction de vouloir mettre en place "une part variable de la rémunération en fonction d'objectifs pour l'heure non définis, mais à l'évidence indexés sur une notion de performance individuelle étrangère à l'exercice du journalisme". Autant d'éléments qui font selon eux que "ce plan dénaturerait des valeurs qui font et qui feront que nous sommes un journal".