A chaque présidentielle, c'est la même histoire. Les règles du temps de parole irritent les chaînes. Qui accusent le CSA. Qui se défausse sur le Conseil constitutionnel. Rebelote en 2012. Après l'équité du temps d'antenne jusqu'à hier, contraignante mais utile, place à l'égalité entre chaque candidat, aberrante et contre-productive. Car à partir d'aujourd'hui, si Nicolas Sarkozy obtient 10 minutes au 20 Heures de TF1, Jacques Cheminade (0,0000001 % d'intentions de vote) bénéficiera par compensation du même temps, pas forcément à la même heure.
Pour s'éviter un casse-tête monstrueux, les télés mettent donc un terme à leurs grands rendez-vous politiques, comme "Des paroles et des actes" sur France 2 et "Parole de candidat" sur TF1. Elles doivent désormais imaginer de nouveaux formats rassemblant plusieurs candidats par émission. Autant dire que plus la présidentielle approchera et moins vous en entendrez parler ! A part si radios et télés se décidaient à contourner la règle pour la retourner contre le CSA. Rien ne les empêche en effet de traiter la campagne comme ils l'entendent, et de compenser bêtement le temps de parole des petits candidats dans un journal de la nuit. Chiche ?
La situation se complique à partir du 9 avril, date à laquelle l'égalité s'entend dans des conditions d'audience et d'horaires similaires. François Hollande en prime sur France 2 ? C'est Philippe Poutou le lendemain à la même heure et pour un temps de parole strictement égal ! Radios et télés ne s'y aventureront probablement pas. Autre originalité de la présidentielle made in France, les clips officiels de campagne des candidats, souvent ringards et inutiles. Dans quelques jours, le CSA imposera leur diffusion sur le service public. Qui cherche déjà à s'en défaire en day time pour ne pas plomber ses audiences.
Avec ces règles infernales censées garantir la pluralité (car c'est bien ça dont il s'agit), le CSA met à mort le débat démocratique sur nos antennes. Il est urgent d'inventer un nouveau modèle pour 2017 ! Après la présidentielle, le CSA aura probablement d'autres chats à fouetter et nos médias risquent de vite oublier avant de se réveiller trop tard, comme cette année.