Que veulent les Français ? Voilà une question que de nombreux responsables politiques se posent. RMC a décidé de se la poser également en lançant une opération au long cours baptisée "Objectif 2017 : ce que veulent les Français". Réalisée en partenariat avec l'institut de sondage Elabe, elle consistera à interroger des Français durant toute l'année précédant l'élection présidentielle sur les réformes qu'ils attendent pour 2017.
Au menu : de nombreuses thématiques comme l'emploi, la sécurité, l'éducation ou l'économie. Chaque mois, RMC dévoilera ensuite la liste des réformes plébiscitées par les sondés sur chaque thème dans "Bourdin Direct", puis discutera de leur faisabilité à travers des reportages et des débats, notamment dans "Les Grandes Gueules". Cette semaine, la station a ainsi révélé la première liste des réformes voulues en matière d'emploi. puremedias.com a interrogé le directeur de la rédaction de la station, Philippe Antoine sur cette initiative originale.
Les sondés votent pour des réformes proposées par RMC. Comment séléctionnez-vous ces dernières ?
Pour cette opération, l'idée est de regarder les propositions faites par les politiques en général. On y ajoute d'autres propositions moins dans l'air du temps ou dans le consensus politique actuel pour s'intéresser justement à des idées qui ne sont pas encore dans le débat mais qui pourraient émerger. Ce qu'on veut, c'est alimenter le débat en vue de 2017. Pour la présidentielle à venir, nous voulons essayer de rendre les choses le plus concrètes possibles et pas être seulement dans la politique politicienne et le jeu d'appareil. L'analyse des élections de ces dernières années montre que les gens ne veulent plus ça. Notre démarche est donc de dire : "Vous voulez que ça bouge ?", et bien on va essayer de le faire. Comment ? En tentant de faire émerger des idées.
Vous inspirerez-vous pour votre opération des idées venant de l'extrême droite ou de l'extrême gauche alors ?
La question n'est pas de savoir d'où vient l'idée mais de savoir si elle est pertinente ou pas, de savoir si elle suscite une adhésion, un intérêt, une curiosité de la part des Français. Par exemple sur l'emploi, la deuxième idée la plus plébiscitée par les Français est une mesure préconisée par Jacques Attali, qui n'est pas vraiment un extrêmiste de droite ou de gauche. L'idée est d'alléger les charges pour les entreprises qui s'engagent à faire plus de formation pour leurs salariés. La première mesure voulue par les sondés existe en partie mais n'est pas assez poussée selon les Français. Elle reprend l'idée des contrats de génération en préconisant d'autoriser les entreprises à mettre à la retraite les salariés qui disposent de leurs pleins droits, à la condition d'engager des jeunes en échange.
Allez-vous opposer vos résultats aux candidats à la présidentielle que vous allez recevoir cette année ?
Oui, c'est l'idée. Il y a des idées qui émergent. On essaye d'illustrer pour savoir si c'est faisable ou pas, qui serait pour ou contre. Et ensuite, oui, on mettra ces idées en face de politiques en leur demandant leur avis et s'ils sont prêts à les mettre en oeuvre ou non. On veut essayer de répondre au divorce qu'il y a entre les politiques et les Français en se mettant entre les deux et en essayant d'être constructif et d'apporter des idées nouvelles dans le débat.
Est-ce cependant le rôle d'un média de proposer un tel programme politique ?
Non, on ne propose pas un programme politique. On met des idées sur la table et après, ce n'est plus notre rôle de dire si tel ou tel gouvernement doit le faire ou pas. En revanche, c'est le rôle des politiques de dire que telle ou telle idée doit être défendue ou mise en place. Souvent, on a l'impression que le débat ne s'arrête qu'aux polémiques et qu'il n'y plus suffisamment d'idées ou de propositions concrètes. Notre boulot de journaliste, c'est aussi de dire qu'il y a des solutions qui marchent !
Avec cette initiative, vous n'allez pas calmer ceux qui vous accusent d'être une radio populiste jouant le peuple contre les élites ?
Non, il ne s'agit pas du tout de ça. On a un pays qui aime réfléchir et produit plein d'idées. Mais elles sont souvent bloquées au stade de projets pour diverses raisons. Notre boulot, c'est d'aller les chercher, d'aller creuser, de poser des questions et de les faire émerger. Ce n'est pas du tout populiste, au contraire !