Round 1 du combat judiciaire entre Vincent Bolloré et France 2. Selon nos informations, aujourd'hui à 14h s'ouvre devant le tribunal de commerce de Paris l'audience du procès intenté par l'industriel breton à la chaîne publique.
Cette assignation fait suite à la rediffusion en juillet 2016 - soit trois mois après sa première diffusion - d'un sujet de "Complément d'enquête" consacré aux activités de Vincent Bolloré, notamment en Afrique. Signée Tristan Waleckx et Mathieu Rénier, depuis récompensés du prix Albert Londres pour leur travail, cette enquête, à laquelle le tycoon d'Ergué-Gabéric avait refusé de participer, évoquait notamment le cas d'une entreprise camerounaise d'huile de palme, la Socapalm, dont le groupe Bolloré est actionnaire, et qui aurait recours à des travailleurs mineurs. Après la première diffusion du reportage en avril 2016, Vincent Bolloré avait accusé France 2 de bidonnage.
Suite à la rediffusion de cette enquête par la chaîne publique, le groupe Bolloré avait dénoncé "une volonté avérée de lui nuire en le dénigrant gravement", "ceci port(ant) atteinte à ses intérêts commerciaux". "Afin de mettre un terme à cette campagne insidieuse et de protéger tant les intérêts de ses salariés que de ses actionnaires, le groupe Bolloré a assigné France 2 afin d'obtenir réparation devant le Tribunal de Commerce de Paris de son préjudice évalué à 50 millions d'euros", avait-il annoncé dans un communiqué.
Cette procédure devant le tribunal de commerce n'est que la première des trois engagées contre France 2 suite à la diffusion de ce reportage. Une plainte en diffamation a ainsi été déposée devant le tribunal de grande instance de Nanterre. Une autre plainte en diffamation a également été déposée par la Socapalm devant le tribunal de Douala, capitale économique du Cameroun, un pays dans lequel la diffamation est passible de six mois de prison.
En janvier 2018, une vingtaine de médias ont dénoncé dans une tribune les méthodes de Vincent Bolloré et de son groupe, accusés de faire pression sur les médias qui enquêtent sur leurs activités africaines en saisissant systématiquement la justice. "Ces poursuites systématiques visent à faire pression, à fragiliser financièrement, à isoler tout journaliste, lanceur d'alerte ou organisation qui mettrait en lumière les activités et pratiques contestables de grands groupes économiques comme le groupe Bolloré. Objectif : les dissuader d'enquêter et les réduire au silence, pour que le 'secret des affaires', quand celles-ci ont des conséquences potentiellement néfastes, demeure bien gardé", écrivaient notamment les signataires de ce texte.
Mise à jour 17h14 : La décision dans ce procès sera connue le 12 juin prochain. France 2 réclame de son côté 100.000 au groupe Bolloré pour "procédure abusive".