Un bar devenu un symbole. Le 7 décembre 2016, dans son "20 Heures", France 2 avait diffusé un sujet intitulé "Lieux publics : les femmes indésirables", en prenant pour exemple un bar de Sevran (Seine Saint-Denis), qui, tel que décrit par la journaliste Caroline Sinz, était un lieu rempli uniquement d'hommes "pas très accueillants". Une séquence en caméra cachée avait été tournée par deux militantes d'une association féministe locale pour corroborer ce postulat de départ dans lequel on pouvait entendre un individu revendiquer l'absence de mixité du lieu. Dans la foulée de leur diffusion, ces 85 secondes de caméra cachée avaient provoqué une vive polémique, incitant le patron du bar - aujourd'hui fermé - à déposer plainte pour diffamation.
Selon l'AFP, les quatre personnes visées par la plainte - au premier rang desquels figurent la présidente de France Télévisions Delphine Ernotte-Cunci et l'ancien présentateur du "20 Heures" David Pujadas - ont été mis en examen. Selon une ordonnance rendue le 3 juin dernier, ils sont renvoyés devant le tribunal correctionnel de Paris pour un procès dont la date reste à fixer. Les deux autres personnes concernées sont la journaliste auteure du reportage, Caroline Sinz et la militante Nadia Remadna.
Contacté par l'AFP, le groupe France Télévisions s'est refusé à tout commentaire, invoquant une "procédure en cours". Plus loquace, l'ancien patron du fameux bar, Amar Salhi, entend avec ce procès "retrouver (son) honneur". Et le sexagénaire d'affirmer, en réference au reportage de France 2 : "Ca a changé ma vie, j'ai perdu beaucoup de choses. Ils m'ont assassiné". Son avocat, Farid Bouzidi, affirme que la journaliste ne s'est jamais rendue sur place, dénonçant "une supercherie".
En 2018, Pascal Doucet-Bon, directeur délégué de l'information de France Télévisions, avait rappelé dans un mail interne cité par "L'Express" que "le travail effectué par la rédaction a été pleinement assumé à l'époque, et l'est toujours. Nous rappelons que le CSA n'a relevé aucun manquement de la chaîne dans cette affaire". En effet, un an plus tôt, le Conseil supérieur de l'audiovisuel avait estimé que "ce reportage ne stigmatisait pas les habitants de la commune de Sevran, les faits étant présentés comme représentatifs d'un problème de société global" et n'avait donc prononcé aucune sanction.