Le reportage "exclusif" sur Bygmalion sème la pagaille à France Télévisions. Depuis plusieurs mois, Elise Lucet et ses équipes enquêtent sur le financement de la dernière campagne électorale de Nicolas Sarkozy, pour un sujet qui devait être diffusé dans la nouvelle formule de "Envoyé Spécial", le 29 septembre prochain. Mais depuis deux jours, la demande de diffusion exceptionnelle d'un 26 minutes reprenant l'essentiel de ces révélations, entre le 20 Heures de David Pujadas et le prime de la soirée, a provoqué la discorde au sein de la rédaction de France 2.
Après un imbroglio entre Michel Field, Elise Lucet et les journalistes du service public, le sujet de 26 minutes ne sera pas diffusé, mais l'interview inédite de Franck Attal, le patron de la filiale de Bygmalion qui organisait les meetings de Sarkozy en 2012, est maintenue dans le 20 Heures de France 2. L'intégralité de l'enquête sera diffusée "ultérieurement", a fait savoir France 2.
Dans ce brouhaha médiatique et politique, le SNJ de la chaîne, représenté par Serge Cimino a réagi à l'AFP : "Nous ne comprenons pas cet argument de ne pas diffuser le sujet pour ne pas fausser la primaire". Le délégué syndical évoque aussi des pressions politiques de la part de l'ex-chef d'Etat, citant des sources internes. "C'est un bras de fer entre Elise Lucet, nommée pour son indépendance, face à un directeur de l'info qui semble avoir oublié les principes du journalisme. C'est un 'Clash Investigation' !", balance-t-il, réclamant "qu'il s'explique ou qu'il s'en aille."
Le patron de l'information campe sur sa position. "En juin j'ai donné mon feu vert sur ce sujet sur Bygmalion, a-t-il expliqué. Puis fin juin-début juillet j'ai dit à l'équipe que le sujet devait être prêt début septembre ou début décembre, car diffuser un sujet au moment où la primaire des Républicains bat son plein fait courir le risque d'instrumentaliser France Télévisions. Il n'était pas encore question de la venue de Nicolas Sarkozy dans 'L'Emission politique'. Il a martelé que c'était "sa position depuis le début", ajoutant que "cette enquête est une analyse et n'a pas de scoop".