L'entente d'hier balayée aujourd'hui. Michel Field, directeur du pôle culture et spectacle de France Télévisions, a réservé à "C médiatique", diffusé ce dimanche 14 mai 2023 sur France 5, sa première réaction à l'attaque en règle des chaînes privées à l'endroit du service public. Jeudi 11 mai, pour rappel, "Le Figaro" a révélé l'existence d'un courrier signé de l'Association des chaînes privées (ACP) et adressé à Matignon. Dans cette missive, TF1, Canal+, M6 et Altice accusent de concert le groupe public, qui négocie en ce moment même son nouveau contrat d'objectifs et de moyens avec l'État, de concurrence déloyale.
"Un tissu d'inexactitudes et d'approximations", balaie Michel Field. "C'est bizarre de faire ça alors que les vrais enjeux d'aujourd'hui, c'est quand même la concurrence des plateformes internationales, la désinformation, la bataille pour exercer son métier de journaliste... C'est ça les vrais enjeux du moment et pas cette gué-guerre qui témoigne d'un grand désarroi stratégique", a-t-il estimé. L'ancien visage du groupe TF1 s'explique : "Il y avait un projet de fusion M6-TF1 (auquel France Télévisions était favorable, ndlr) qui a capoté. Les deux groupes se retrouvent un peu désemparés et j'observe que la seule fusion qu'ils sont capables de faire, c'est de taper sur le service public."
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L'ACP dénonce, entre autres choses, la "programmation étonnamment commerciale" des chaînes publiques et note des "asymétries juridiques" qui permettraient à France 2 et France 3 de prendre l'avantage du côté des audiences. "Quand le service public est en forme, ça défouraille du côté du privé. Après, surtout aujourd'hui, c'est qu'un soir sur deux ou sur trois, TF1 est battue par France 2 et TF1 ne supporte pas l'idée de devoir s'appeler TF2". En avril 2023, l'écart entre TF1 et France 2 s'est encore resserré et la programmation à venir d'événements sportifs populaires - Roland-Garros et surtout le Tour de France cycliste en juillet - pourrait bien bouleverser l'ordre établi.
Michel Field conclut en prenant au mot les groupes privés : "Si Nicolas de Tavernost (président du directoire du groupe M6, ndlr) et Rodolphe Belmer (PDG de TF1, ndlr) aiment tant l'opéra ou le théâtre, qu'ils en mettent sur leurs antennes. Evidemment que leur rêve, c'est que l'on mette de l'opéra tous les soirs et que les audiences soient en berne. Mais les bonnes fictions font aussi partie du patrimoine culturel". puremedias.com vous propose de visionner la séquence.