Amazon fait une entrée remarquée dans le sport en France. Dans un communiqué ce jeudi, France Télévisions annonce l'acquisition des droits de diffusion du tournoi de Roland-Garros pour la période 2021/2023. Partenaire du Grand Chelem français jusqu'en 2020 avant l'annonce d'aujourd'hui, le groupe de Delphine Ernotte proposera finalement la compétition pendant trois années supplémentaires. Ses antennes linéaires et numériques diffuseront toujours les principaux matchs en journée, des qualifications jusqu'aux finales.
"Je suis très heureuse de voir ce bel événement qu'est Roland-Garros rester dans le fleuron du service public. Avec cette acquisition, France Télévisions conforte son engagement dans le sport français et prolonge son partenariat avec la Fédération de tennis, une confiance qui dure depuis plus de 30 ans", a commenté Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions.
Mais le fait notable du jour est l'arrivée d'Amazon sur le marché des droits sportifs français. De 2021 à 2023, le géant américain diffusera ainsi en exclusivité et en payant via sa plateforme Amazon Prime Video les matchs de Roland-Garros joués sur le court Simonne-Mathieu, inauguré cette année. Il proposera aussi les matchs prévus en soirées, une nouvelle programmation permise par les travaux d'éclairage et de couverture du court Philippe-Chartier actuellement en cours. Ne s'arrêtant pas en si bon chemin, Amazon co-diffusera enfin avec France Télévisions les grandes affiches, dont les demi-finales et les finales. Co-diffuseur du tournoi avec France Télévisions depuis 27 ans, Eurosport repart pour sa part bredouille.
Avec cette acquisition, Amazon poursuit donc sa stratégie d'acquisition de droits sportifs à l'international, particulièrement dans le tennis. Le site avait ainsi déjà acquis en 2017 les droits de toutes les grandes compétitions ATP de tennis au Royaume-Uni, hormis les quatre tournois du grand chelem.
L'annonce d'aujourd'hui fait suite à l'échec, la semaine dernière, de l'appel d'offres lancé en juin dernier par la Fédération de tennis, les prix de réserve fixés pour les lots n'ayant pas été atteints. La FFT avait alors engagé des négociations de gré à gré avec les différents acteurs, qui ont finalement abouti aujourd'hui. Dans son communiqué, la fédération s'est d'ailleurs réjouie de l'augmentation des droits de diffusion de la compétition, révélant que les revenus perçus grâce au deal d'aujourd'hui augmenteraient de "plus de 25%" entre 2021 et 2023, par rapport à la période 2018-2020.
Lors du lancement de son appel d'offres, la FFT avait fait part de sa volonté d'obtenir une "meilleure valorisation" de son tournoi, précisant qu'une édition de Roland-Garros se négociait actuellement autour de 20 millions d'euros, contre près de 70 millions d'euros pour Wimbledon. "France Télévisions peut se positionner mais nous n'avons pas pour vocation de financer le service public, en réduisant nos gains", avait lancé le président de la FFT, Bernard Giudicelli, en guise d'avertissement au service public. Une sortie que n'avait pas appréciée Delphine Ernotte. Le 18 juin dernier, dans une interview accordée au "Monde", la patronne de France Télé avait jugé peu "courtois" les propos du président de la Fédération, avant de parvenir finalement à faire affaire avec lui.