Des promotions annulées sur France Inter. Le vendredi 8 novembre, "Le Parisien" a publié des accusations de viol portées par Valentine Monnier contre Roman Polanski. L'actrice et photographe a dénoncé une agression qui aurait eu lieu lors d'un séjour à Gstaad, en Suisse, en 1975, alors qu'elle venait d'avoir 18 ans. C'est la sortie du film "J'accuse" qui a décidé Valentine Monnier à prendre la parole publiquement. "Sans 'J'accuse', je serais restée dans mon silence, comme je le fais depuis quarante-quatre ans", a affirmé Valentine Monnier, expliquant qu'elle avait vécu les déclarations du cinéaste et les articles sur ce film comme une provocation.
Sur France Inter vendredi matin, avant la révélation du témoignage de Valentine Monnier, Jean Dujardin avait été interrogé sur la situation d'Adèle Haenel, qui avait accusé dimanche 3 novembre dans "Mediapart" le réalisateur Christophe Ruggia de harcèlement et d'attouchements, alors qu'elle était mineure. "J'ai beaucoup d'affection et de compassion pour Adèle Haenel", avait ainsi assuré l'acteur français. "J'ai toujours ressenti sa grande rage, sa colère. Je pressentais d'ailleurs sa blessure mais je ne savais pas qu'elle serait si profonde", avait-il ajouté.
A la suite de l'article du "Parisien", Jean Dujardin a annulé sa venue dimanche soir dans le "20 Heures" de TF1. Dans "J'accuse", il tient le rôle principal, à savoir celui du lieutenant-colonel Picquart, chef du service de renseignement, qui a mené l'enquête conduisant à la réhabilitation du capitaine Alfred Dreyfus, joué par Louis Garrel. Ce dernier avait d'ailleurs accordé une interview à Antoine de Caunes, qui avait été enregistrée avant la révélation de cette nouvelle accusation contre Roman Polanski et devait être diffusée hier dans "Popopop" sur France Inter. En accord avec la direction, l'animateur a préféré ne pas diffuser l'entretien en raison de l'obsolescence de l'interview. De plus, Augustin Trapenard devait recevoir Emmanuelle Seigner épouse de Roman Polanski et actrice dans "J'accuse". Elle a elle-même décommandé sa venue dans "Boomerang".
Dans le journal de 13h hier, Laurence Bloch, directrice de France Inter, est revenue sur les annulations des promotions du film "J'accuse", dont la station du service public est partenaire. "C'est un partenariat de recommandation, c'est-à-dire que le service des partenariats de France Inter et la direction considèrent que le film, de par son propos, de par la qualité de sa mise en scène, de par l'exemplarité et la qualité de ses acteurs, doit être non seulement porté à la connaissance de ses auditeurs, mais aussi recommandé", a-t-elle expliqué. Et d'ajouter : "Il n'y a aucun échange d'argent. Il n'y a évidemment aucune demande aux critiques de cinéma de France Inter de dire du bien du film et je crois que les auditeurs savent que les critiques de la rédaction fonction ce qu'ils ont à faire."
La patronne aux cheveux rouges a estimé qu'il fallait séparer "l'homme" du "film" : "La rédaction de France Inter fait son boulot par rapport aux accusations qui sont portées contre l'homme. France Inter soutient fermement, fortement, absolument ce film". "C'est un film absolument remarquable sur une affaire qui est importante, l'affaire Dreyfus", a poursuivi Laurence Bloch. Et de conclure : "Les auditeurs sont adultes et ils feront en conscience ce qu'ils croient devoir faire."
France 5 a également fait le choix d'écarter un entretien de promotion de "J'accuse". Hier, "C à vous " devait diffuser en deuxième partie une interview avec Louis Garrel. Enregistré deux jours avant les nouvelles accusations portées contre le réalisateur américain, son passage a été déprogrammé et l'émission a proposé une rediffusion pour "C à vous, la suite".