Le malaise est grand parmi les journalistes et techniciens du réseau France Bleu. 74% d'entre-eux se sont ainsi mis en grève aujourd'hui d'après les syndicats (47% selon la direction) pour protester contre le nouveau modèle éditorial mis en oeuvre dans les 44 stations du réseau public depuis le 6 janvier dernier.
Le modèle en question mise tout sur les matinales. Il se propose ainsi de faire la part belle sur cette tranche aux informations avec des rappels de titres toutes les 10 minutes, ainsi qu'à l'interactivité avec les auditeurs, selon une méthode proche de RMC. Ce virage éditorial est l'oeuvre de Claude Perrier, le directeur depuis juin 2013 du réseau France Bleu. Ce dernier était auparavant directeur de France Bleu Provence, station dans laquelle il a expérimenté avec succès le fameux modèle.
Problème, de nombreux salariés semblent pour le moins dubitatifs quant à son application uniforme dans des territoires et des stations très différents. Un salarié joint aujourd'hui par puremedias.com souligne aussi que ce modèle est synonyme d'une charge de travail supplémentaire pour les matinaliers de chaque antenne locale. Ces derniers sont pourtant déjà très occupés, étant seuls pour animer leur antenne.
La direction a bien tenté de rassurer en décidant d'épauler les matinaliers d'un journaliste supplémentaire. Mais ce dernier est prélevé sur les effectifs des rédactions de chaque station qui ne comptent que quelques personnes. A en croire les grévistes, une telle pioche aurait donc pour conséquence de limiter le nombre et la qualité des reportages que peuvent fournir les rédactions, alors même qu'ils sont particulièrement appréciés des auditeurs.
Au-delà de ces problèmes de fond, les journalistes et techniciens grévistes de France Bleu remettent aussi en cause la méthode utilisée par la direction pour mettre en oeuvre ce virage éditorial. Le même salarié explique ainsi que Claude Perrier a tenté d'imposer à marche forcée son nouveau modèle aux stations sans même attendre que les équipes aient reçu les formations nécessaires. De son côté, la direction parle de simples "préconisations" que les stations sont libres d'adopter ou pas.
Quoiqu'il en soit, les négociations sur ce sujet ont pour l'instant échoué et le mouvement actuel fait resurgir d'autres revendications des journalistes. Parmi elles, l'absence de stratégie concernant le web chez France Bleu. Actuellement, les journalistes du réseau sont ainsi censés alimenter eux-mêmes, mais sans y être forcé théoriquement, les sites de leurs stations, sans rémunération ni temps dégagés particuliers.