Après l'annonce de l'arrêt de sa série évènement "Jo"avec Jean Reno, TF1 mise beaucoup sur le lancement, ce soir, de son nouveau copshow intitulé "Falco". Inspirée de la série allemande "Mick Brisgau", cette nouvelle fiction policière en 6 épisodes de 52 minutes raconte l'histoire du lieutenant Alexandre Falco, interprété par Sagamore Stévenin. Jeune flic prometteur tout juste papa dans les années 1990, ce dernier est grièvement bléssé lors d'une opération qui tourne mal. Plongé dans le coma, il se réveille 22 ans plus tard, à notre époque, et tente de reprendre le fil d'une vie forcément bouleversée par deux décennies d'absence. Il réintègrera alors une police et une société qui ont bien changé depuis les années 1990.
Sagamore Stévenin, que l'on a pu notamment voir dans "Michel Vaillant", explique à puremedias.com comment et pourquoi il s'est glissé dans ce rôle de flic un peu particulier.
Propos recueillis par Benjamin Meffre
puremedias.com : Qu'est-ce qui vous a fait accepter le rôle d'Alexandre Falco ?
Sagamore Stévenin : Ce qui m'a vraiment intéressé en fait, c'est surtout la promesse à venir de mon personnage, Falco. Autrement dit, ce que ça pouvait me permettre d'aller chercher en tant qu'acteur. Je n'avais jamais fait de série et je trouvais que cette série était une bonne manière d'apprendre ce boulot particulier. J'ai aussi été très attiré par le personnage, "Falco". C'est un être extrêmement riche de contradictions, de fêlures, de blessures et qui a, en même temps, un désir de vie incroyable.
Falco est un personnage tourmenté, plus proche d'Eddy Caplan que de Julie Lescaut, non ?
Oui, le personnage est assez sombre. Mais ce qui m'intéresse, ce n'est pas tant qu'il soit sombre que les moments où il doit justement passer au-dessus de cette noirceur. Seul, il est souvent au fond du trou, mais avec les gens autour de lui, il est obligé de se créer une espèce d'armure pour les rassurer, pour faire comme si tout allait bien. C'est ce décalage, cette armure qui sont forcément intéressants à jouer. Et puis, c'est quelqu'un qui n'est pas dans le jugement mais dans la curiosité. Ça amène des décalages comiques parce que dans ses nouveaux collègues des années 2012, il y en a beaucoup qui ont besoin de ranger les choses dans les cases. Lui n'est pas comme ça, il fonctionne à l'instinct.
Vous le supporteriez ?
Je pense qu'on pourrait être assez potes, oui.
Avez-vous suivi une préparation particulière pour jouer ce rôle quand même assez spécial d'un homme sortant du coma au bout de 22 ans ?
Je suis allé me confronter à cette réalité du coma. J'ai fait pas mal de recherche sur cet état. Je suis également allé dans des centres spécialisés pour rencontrer des gens qui sont aujourd'hui dans le coma, pour essayer d'imaginer ce qu'ils peuvent ressentir, repérer des détails pertinents dans ce genre de chambres d'hôpital. C'etait pour moi une manière de nourrir mon jeu de façon inconsciente, de le rendre plus naturel, plus vrai.
Comment êtes-vous parvenu à jouer, de manière crédible, Falco dans sa vingtaine, au tout début de la série, et le Falco quarantenaire que l'on voit par la suite?
C'est la difficulté du projet. On ne fait pas Michael Douglas et Matt Damon dans le dernier Soderbergh avec 15 millions de dollars ("Ma vie avec Liberace", NDLR). Surtout que dans notre métier, il est plus facile de vieillir que de rajeunir quelqu'un. Mais il faut quand même trouver un chemin pour que cela marche. Personnellement, je me suis dit que cette différence d'âge était plus une question d'énergie. Pour exprimer la jeunesse du personnage, j'ai misé sur son côté "chien fou", rempli d'un bonheur communicatif. Cela m'a permis d'amener plus naturellement l'opposition avec le personnage qu'on allait voir 22 ans plus tard, qui a une gueule et une âme plus marquées.
Vous avez des références de flic dans les séries?
Je ne regarde pas ce qui se fait ailleurs. Je ne regarde pas la concurrence. Une fois que je suis dans le projet, dans le travail, il peut m'arriver de regarder ce qui se fait par curiosité mais ce n'est pas mon moteur avant d'accepter un rôle.
Si vous n'en avez pas à la télévision, vous en avez peut-être au cinéma ou dans la vie ?
Au cinéma, j'ai des références mais elles sont plus anciennes. Je me situe plus à la fin des années 1970 ou dans les années 1980, avec des films comme "Flic ou voyou" par exemple (de Georges Lautner avec Jean-Paul Belmondo, NDLR). En fait, je me suis davantage basé sur des gens que je connais, des amis flics notamment. L'important c'est d'avoir des détails justes dans des moments justes, comme la manière de sortir un flingue ou de se comporter sur une scène de crime. Mais ce n'est pas un documentaire. On est avant tout là pour raconter l'histoire d'êtres humains confrontés à leurs névroses, leurs désirs, au temps perdu. C'est un sujet universel.
Vous parliez d'humour tout à l'heure. N'est-ce pas justement l'originalité de cette série ? Un humour provoqué par ce décalage entre un flic des années 1990, plongé brusquement à notre époque sans en maîtriser forcément les codes ?
Oui, c'est un ressort comique et narratif assez marquant. Il y a de l'humour et de la légèreté car "Falco" est en décalage. Il découvre une nouvelle société, de nouveaux instruments de communication, des rapports humains différents.
Vous avez déjà parlé d'une saison 2 ?
Oui, mais les audiences seront déterminantes. Il y a des choses évidemment en développement et en écriture. Si ça marche, on ne va pas attendre le dernier moment pour partir. C'est quand même une grosse machine impliquant beaucoup de travail et d'énergie.
Le côté enfermant de la série télé pour un acteur ne vous a pas refroidi ?
En fait, ce sont les gens autour de vous qui ont le plus peur. Moi, je n'ai pas plus peur de disparaître du métier si je fais cette série que si je ne fais rien du tout. Quelque part, je préfère me confronter au travail et être jugé sur ce que je fais. Pour apprendre, il faut pratiquer. Et puis j'étais aussi très attiré par ce personnage même si j'ai bien conscience des contraintes inhérentes à ce genre de projets. Ce n'est pas la même chose quand on travaille sur une série pour TF1 que pour une chaîne comme Arte ou Canal+. Les publics sont différents, les projets sont différents. J'ai en tout cas essayé de le faire le mieux et le plus sincèrement possible.