Nouveau front pour Molotov. Alors que son rachat par Altice est finalement tombé à l'eau, la plateforme fondée en 2016 par Jean-David Blanc, Pierre Lescure et Jean-Marc Denoual doit maintenant faire face au mécontentement d'un nouveau diffuseur, et non des moindres : TF1. Dans la nuit du 1er juillet, le groupe de Gilles Pélisson a ainsi coupé le signal de ses chaînes de télévision (TF1, TMC, TFX, TF1 Séries Films et LCI) sur l'application, avant que Molotov ne le rétablisse rapidement.
En réalité, TF1 a décidé de ne pas renouveler le contrat de distribution le liant à Molotov depuis 2016. La plateforme fait ainsi les frais des nouvelles conditions exigées par TF1 pour la distribution de ses antennes, des conditions qui avaient déjà poussé la filiale du groupe Bouygues à croiser le fer avec Canal+ et les fournisseurs d'accès internet en 2017 et 2018. Au mois de mars, faute d'accord avec Molotov, TF1 a informé la plateforme de son intention de mettre fin au contrat les liant, et ce à partir de la fin juin. "L'accord entre TF1 et Molotov, qui rémunérait les chaînes, était un accord expérimental pour leur lancement", fait valoir TF1 auprès des "Echos". Au rang des motivations de la Une, le quotidien économique évoque aussi "plusieurs retards de paiements de la part de Molotov".
En réaction à la décision de la Une, Molotov a saisi la semaine dernière la justice en référé, estimant que la rupture du contrat était abusive. La décision dans ce dossier est attendue mi-juillet. De son côté, TF1 a aussi assigné Molotov en justice pour contrefaçon, après avoir constaté qu'elle continuait à diffuser ses contenus sans son accord. Selon "Les Echos", la filiale du groupe Bouygues réclamerait près de 8 millions d'euros à Molotov, soit plus que son chiffre d'affaires annuel.
Réussite technologique et succès populaire avec plus de 8 millions d'utilisateurs, Molotov peine cependant à trouver un modèle économique pérenne. Alors que son rachat par Altice a échoué, la plateforme made in France cherche encore à lever une quarantaine de millions d'euros pour financer son développement. Alors que Xavier Niel serait prêt à mettre au pot selon les "Echos", la sortie des chaînes TF1 de son offre serait un coup dur pour la plateforme.
Le bras de fer engagé avec la Une s'ajoute en outre à un autre, avec M6 cette fois. En avril 2018, Molotov a ainsi assigné en justice le groupe de Nicolas de Tavernost en réaction à l'exigence de celui-ci de se voir rémunérer pour la diffusion de ses trois chaînes gratuites (M6, W9, 6ter). Si la justice a donné raison à la plateforme en première instance en février dernier, M6 a fait appel.