Ayoub El Khazzani menotté, les yeux bandés, bras dans le dos et pieds nus avant sa mise en examen. Cette image exclusive du suspect présumé de l'attaque du Thalys, tournée par les caméras d'iTELE, a été multidiffusée le 25 août dernier. Mais la loi sur la liberté de la presse interdit aux médias de proposer "par quelque moyen que ce soit et quel qu'en soit le support, l'image d'une personne identifiée ou identifiable mise en cause à l'occasion d'une procédure pénale mais n'ayant pas fait l'objet d'un jugement de condamnation et faisant apparaître, soit que cette personne porte des menottes ou entraves".
La chaîne a flouté les entraves du suspect présumé mais cette précaution ne suffit pas car sa posture suffit à comprendre que ses mains sont menottées. Alors que la chaîne aurait pu être poursuivie, elle écope d'une simple mise en garde du Parquet de Paris, révèle l'AFP. Le Parquet rappelle que cette pratique est illégale au nom du respect de la présomption d'innocence. La mise en garde, signée du procureur de la République François Molins, a également été transmise au CSA.
Ce n'est pas la première fois que ce cas se présente. Lors de l'arrestation de DSK en 2011, les images de l'ex-patron du FMI menotté avaient fait le tour du monde, même sur les médias français. Aucune des chaînes n'avait été condamnée, toutes écopant d'une simple mise en garde du CSA. Les Sages avaient alors rappelé que "le principe de la liberté d'expression et le droit à l'information ne doivent pas méconnaître le fait que de telles images sont susceptibles de porter atteinte au respect de la dignité de ces personnes".