Le feuilleton de la réattribution des droits du Top 14 de rugby continue. Alors que Canal+ a lancé des procédures judiciaires contre la Ligue Nationale de Rugby (LNR) suite à la remise en en jeu des droits de diffusion du Top 14, la Ligue a décidé de suspendre son appel d'offres.
"Compte tenu de l'existence des actions judiciaires intentées par Canal+ que la LNR juge totalement infondées et qui affectent le bon déroulement de l'appel d'offres, dont notamment le dépôt des offres prévu lundi 13 janvier 2014, le Comité Directeur de la LNR, après analyse avec ses conseils, a décidé, ainsi qu'il s'en était réservé la possibilité, d'interrompre cette procédure de commercialisation en arrêtant ce jour l'appel d'offres", écrit la LNR dans un communiqué.
Une décision qui a agacé le plutôt réservé Yousef Al-Obaidly, directeur général de beIN Sport. "Canal+ fait tout pour protéger sa position monopolistique, a-t-il déclaré dans le Figaro. Il attaque en justice l'appel d'offres du rugby et envoie aux autorités une note blanche pour d'empêcher beIN Sport d'accéder à la ligue 1. S'il le faut, beIN Sport ira devant les autorités françaises de la concurrence pour demander que les conditions d'une juste compétition soit respectées".
Diffuseur du championnat de France de rugby depuis 1995, Canal+ négociait depuis plusieurs mois de gré à gré avec la LNR la réévaluation des droits de diffusion de la compétition. En 2011, la chaîne cryptée en avait pourtant obtenu l'exclusivité pour cinq ans contre 31,7 millions d'euros par an. Une somme jugée décevante à l'époque par la LNR, qui espérait obtenir beaucoup plus d'un championnat dont elle estime la valeur à 100 millions d'euros par an. En décembre, la Ligue a profité d'une clause de son contrat lui permettant de "dénoncer" le deal et de réouvrir des négociations.
Canal+ avait alors proposé à la Ligue de faire passer sa contribution annuelle à près de 65 millions d'euros, faisant ainsi de cette compétition nationale de rugby la plus chère du monde, devant le premiership anglais (pour lequel British Telecom paye 47,5 millions d'euros). Mais cette proposition a finalement été rejetée par la LNR, qui a visiblement décidé de profiter à plein de la nouvelle concurrence créée par l'arrivée de beIN Sport sur le marché de la télévision payante. Une pratique qui relève d'un "abus de position dominante" estime Canal+.