Ca y est, c'est fini. Après onze semaines de compétition, Cyrille et Jean se sont affrontés comme beaucoup s'y attendaient lors de la finale de "Top Chef 2012". Et c'est Jean qui l'a emporté, s'imposant nettement lors de la dernière épreuve aussi bien auprès du jury que des 102 convives du grand dîner caritatif pour lequel les deux candidats avaient cuisiné. Une victoire nette, loin d'être injuste puisque tout au long de l'aventure, Jean, malgré ses doutes, a impressionné les chefs et les téléspectateurs à plusieurs reprises.
La saison 3 de "Top Chef" n'a donc pas franchement été riche en surprises. A part l'élimination de Denny alors que, les deux semaines précédentes, il avait séduit dès la première épreuve et avait été immunisé, et le séjour peut-être un plus long que prévu de Norbert, que certains verront comme une conspiration de la production, les candidats sont partis dans un ordre assez logique et attendu. Un manque de surprise qui a peut-être participé à un manque d'enthousiasme des fans du programme, pour qui la saison 3 gardera un goût doux-amer. Car on aime "Top Chef", mais on aimerait tellement que l'émission corrige ses défauts...
Le premier reproche, quasiment universel, concerne la durée du programme. Et là, on sait bien qu'on crie dans le vide. Trois heures de programme, c'est trop long mais contrairement à "Pékin Express", dont l'allongement avait quasiment été contre-productif, la longue durée de "Top Chef" est bonne pour l'audience. En deuxième partie de soirée, l'émission fonctionne mieux qu'en prime time, bénéficiant des reports des autres chaînes vers 22h30-22h45. Du coup, M6 serait bien mal inspirée de la réduire, même si en termes de qualité du programme et de plaisir pris par le téléspectateur, 1 heure de programme en moins ferait toute la différence.
Car à force de l'allonger, M6 et Studio 89, qui produisent l'émission, doivent aussi combler. Plus d'épreuves, un montage pas toujours compréhensible qui donne trop d'importance à certaines épreuves pas forcément captivantes et pas assez à des épreuves "cultes", comme la guerre des restaurants ou la fête des voisins, qui passent au troisième plan. Et même si les candidats sont nombreux au début, pas besoin de les diviser en deux groupes. Deux bonnes épreuves chaque semaine au lieu de trois moyennes permettraient là encore d'augmenter l'attrait de l'émission et la satisfaction des téléspectateurs. Et on ne s'endormirait pas une heure avant la fin.
C'est d'ailleurs ce qui a plombé la finale d'hier. Certes, on n'est pas tombé aussi bas que l'an dernier avec les nombreux couacs du direct, les sujets de remplissage pour passer le temps et le mode de désignation du vainqueur très discutable. Mais la production a décidé de ne faire que deux épreuves, mais deux épreuves qui ont dû combler une émission de plus de 3 heures. Du coup, on s'est ennuyé - un comble pour une finale ! L'épisode était l'un des moins haletants de la saison alors qu'il était censé en être l'apothéose.
Autre petite déception, le casting. Certes, les jurés nous ont répété tout au long de la saison que le niveau était plus élevé que l'année précédente - ce que tous les jurys de toutes les émissions de télé-réalité de l'histoire répètent systématiquement chaque année, en même temps. Mais pour le téléspectateur, le niveau de la cuisine compte autant que les héros des épisodes, à savoir les candidats. Et cette année, plus que toutes les autres, a fait la part belle à des candidats très sûrs d'eux, parfois râleurs, pas toujours très sympathiques - en tout cas à l'écran. Du coup, on a eu plus de mal à trouver son chouchou, d'autant que les plus sympathiques sont partis les premiers. On en est même venus à soutenir Norbert, qui était finalement le plus nature de tous.
Et au niveau des épreuves, la production n'a pas toujours pensé au résultat rendu à l'écran. Le marathon de cuisine, une excellente idée sur le papier, a ainsi été plombé par des épreuves qui n'avaient aucun intérêt pour le téléspectateur. Certes, on sait bien qu'on aura beaucoup de mal à reproduire ces plats de grands chefs, mais on aimerait au moins pouvoir s'en inspirer. Voir une épreuve aussi importante être consacrée à des techniques et à des plats qu'on ne cuisinerait même pas si on y était obligé : qui a envie de manger une entrée et un plat avec uniquement de l'oignon ?
Ajoutons à ces reproches l'absence des chefs parfois pendant les deux tiers d'un épisode, celle de Stéphane Rotenberg aussi qui leur a laissé la place quand la production a jugé utile de séparer des équipes pour faire deux épreuves au lieu d'une, et l'absence aussi d'une co-animatrice féminine après les départs successifs de Sandrine Corman et Agathe Lecaron. Mais pour conclure, et au risque d'être un peu répétitif, c'est la durée et toutes ses conséquences qui sont le problème principal de "Top Chef" : des épreuves inutiles, pas toujours intéressantes, ou des longueurs et une perte d'intérêt. Une situation qu'on devrait, vraisemblablement, déplorer une nouvelle fois en avril prochain à l'issue de la saison 4...