La précarité étudiante au coeur du débat. Vendredi, devant un restaurant universitaire, à Lyon, un jeune homme de 22 ans s'est aspergé de liquide inflammable avant de s'immoler par le feu. Un geste qu'il a justifié par ses conditions de vie précaires, dans un long message publié sur sa page Facebook. Brûlé à plus de 90%, les jours du jeune homme sont encore en danger. Ce geste fort de l'immolation par le feu n'est pas resté sans réponse. Il a suscité hier un début de mobilisation estudiantine, avec des débordements violents, dans plusieurs grandes villes, dont Paris, où la grille d'entrée du ministère de l'Enseignement supérieur a été arrachée, et Lille, où François Hollande a été empêché de tenir une conférence.
Naturellement, le sujet alimente aujourd'hui le débat sur les principaux médias, dont les chaînes info. Ce matin, dans "Audrey & Co", l'émission présentée par Audrey Crespo-Mara sur LCI, Monia Kashmire a apporté son témoignage personnel, se remémorant sa situation très précaire lorsqu'elle était étudiante. "La pauvreté chez les étudiants est considérée comme presque normale, comme l'étape nécessaire pour comprendre la vie. C'est un peu l'angle mort de la précarité. C'est quand même une réalité. Moi, j'ai été étudiante sous Jacques Chirac. Je vivais avec 300 euros par mois", a-t-elle commencé à expliquer.
"Quand on est l'enfant d'une famille populaire, on a le choix que de l'université gratuite. Quand on veut avoir le challenge de faire une école privée... Moi, je voulais faire Sciences Po. Je me suis inscrite dans une Prépa, on m'a interdit la bourse parce que c'est un établissement privé. Je me retrouve à vivre avec moins de 300 euros par mois, je suis obligée de vivre chez une personne âgée. Je suis obligée aussi de travailler à côté à l'usine pour pouvoir payer mes études. Et on se retrouve dans des situations tellement précaires que, parfois, on arrive pas à payer ses factures", a-t-elle poursuivi, la voix chevrotante.
Très émue, elle a ensuite révélé avoir "pensé au suicide". "Pour manger, c'était une lutte. Je devais aller à Lidl (magasin discount, ndlr) pour me nourrir. Je faisais mes courses avec un sac de camping avec un faux-fond parce que je volais de la nourriture. Une fois, j'ai été convoquée par le vigile qui m'a chopée comme ça. Tout ça pour dire que c'est une réalité. Le fait que l'on s'immole, oui, c'est pour montrer que ce n'est pas normal de supporter la pauvreté quand on est étudiant. Ce n'est pas juste une simple épreuve de vie, c'est une galère", a conclu la chroniqueuse. puremedias.com vous propose de découvrir cette séquence.