Un ex-journaliste du Monde, Hervé Kempf, se dit victime de censure dans un billet paru sur son blog personnel, "Reporterre". Chargé depuis 1998 des questions d'environnement pour le quotidien du soir, il explique avoir été brutalement écarté en 2012 par sa direction du dossier de l'aéroport Notre-Dame-des-Landes.
Couvrant pourtant ce sujet depuis 2007 pour le journal, Hervé Kempf prétend avoir été mis délibérément sur la touche par le directeur adjoint de la rédaction, Didier Pourquery. La raison ? Avec ses activités extérieures au journal (livres, blogs), il était "trop marqué" comme opposant au projet d'aéroport pour couvrir le sujet. Des prétextes fallacieux selon le journalistef. "Contre tous les usages, j'étais dessaisi sans raison valable d'un dossier que j'avais couvert et fait mûrir depuis le début (...) En m'interdisant de traiter ce sujet, en refusant de donner écho à ce que je pourrais voir ou trouver dans mes enquêtes, on assumait le fait que Le Monde ne creuserait pas le dossier de Notre Dame des Landes. C'était, de fait, une censure", écrit-il.
Hervé Kempf sous-entend ainsi dans son billet l'existence de possibles pressions de l'actionnariat du Monde sur la direction pour l'écarter et éviter ainsi de brouiller le journal avec d'importants intérêts économiques. "Des indices concourrant me firent penser que l'hypothèse de pressions d'un propriétaire sur le journal à propos de Notre-Dame-des-Landes était pensable. Ce sont des indices, pas des preuves", explique Hervé Kempf.
En juin 2013, le journaliste décide de claquer la porte quand sa chronique "Ecologie" créée en 2009 passe à la trappe en raison du décès de Pierre Mauroy. "Un choix éditorial net, qui marquait quelle était la priorité" note Hervé Kempf. "Il ne me restait qu'une issue, si je voulais conserver la liberté sans laquelle le journalisme n'a pas de sens : abandonner le confort d'un salaire assuré et de moyens de travail avant que soit étouffée la dernière marge d'expression qui me restait, la chronique Ecologie" a expliqué le journaliste qui a trouvé un accord pour une rupture conventionnelle.
Contactée par l'AFP, la direction du Monde n'a pas souhaité faire de commentaire. Un des journalistes du quotidien du soir, Arnaud Leparmentier, a cependant réagi aux propos de son ex-collègue sur son compte Twitter. Pour marquer son désaccord avec l'analyse de son désormais ex-collègue : "Une chronique hebdo pendant sept ans, jamais un mot de changé et Hervé Kempf crie à la censure ? (...) Un matin, Pierre Mauroy est mort. Il a fallu remplacer une chronique. Un journal, c'est de l'actu. Et c'est un collectif".