Plus d'une vingtaine de rédactions ont signé une tribune ce mardi dans laquelle elles alertent de "signaux extrêmement préoccupants" envoyés par le gouvernement, concernant la liberté de la presse. Les signataires de ce texte sont les sociétés de journalistes de l'AFP, d'"Alternatives économiques", de BFMTV, des "Echos", d'Europe 1, de "L'Express", de France 2, de la rédaction nationale de France 3, de "Libération", des JT de M6, de Mediapart, du "Monde", de "L'Obs", du "Point", de Premières Lignes Télévision, de Radio France, de RFI, de RMC, de RTL, de "Télérama", de "La Vie" et des rédactions de Dream Way Production et LaTeleLibre.
Dans cette tribune baptisée "Le nouvel exécutif a-t-il un problème avec la liberté de la presse ?", les journalistes relatent tout d'abord la volonté, le 18 mai dernier, de sélectionner les journalistes chargés de couvrir les déplacements du président Emmanuel Macron. L'Elysée avait alors répondu qu'il n'était "pas question d'imposer des choix aux rédactions". "Or, la semaine dernière, ce sont cette fois deux ministres qui ont envoyé des signaux extrêmement préoccupants, quant à la manière dont ils conçoivent l'indépendance des médias et la protection des sources, ou plutôt leurs limites", poursuit le texte.
La publication des Sociétés de journalistes dénonce la plainte de la ministre du Travail Muriel Pénicaud pour "vol, violation du secret professionnel et recel", après la publication, deux jours auparavant dans "Libération" de documents listant les pistes étudiées pour réformer le Code du travail. De plus, ils pointent du doigt les pressions exercées par le ministre de la Justice François Bayrou sur Radio France, après une enquête sur des soupçons d'emplois fictifs au MoDem, ainsi qu'une plainte prononcée par En Marche contre "La Lettre A" pour un article s'appuyant sur des éléments des "MacronLeaks".
"Face à la liberté d'informer, le nouvel exécutif fait le choix de la tentative de pression, de la répression judiciaire et du procès d'intention. 'Continuez à nous irriter, car elle est là, la liberté', lançait le même Richard Ferrand le 3 mai à la Maison des journalistes à Paris, lors de la Journée mondiale de la liberté de la presse", raconte la tribune, ajoutant : "Nous continuerons, à n'en pas douter. Parce qu'informer le public est un devoir autant qu'un droit, et parce qu'une presse libre et indépendante est essentielle à la démocratie."