Il n'ira finalement pas. Après avoir laissé entendre en fin de semaine dernière qu'il était prêt à prendre la succession de Jean-François Dubos à la tête du directoire de Vivendi (SFR, Canal+), Vincent Bolloré a finalement fait savoir hier dans un communiqué qu'il n'était pas "à la recherche d'un poste ou d'une rémunération dans le groupe".
Il semble que cette candidature n'était en fait qu'un coup de bluff destiné à contrecarrer les plans de l'autre homme fort de Vivendi, Jean-René Fourtou, président du conseil de surveillance. Ce dernier souhaitait en effet voir nommé président du directoire l'Allemand Thomas Rabe, l'actuel patron de la holding médias Bertelsmann, propriétaire notamment de RTL et de M6 en France. Un postulant que ne voyait pas d'un bon oeil Vincent Bolloré, lui reprochant son profil trop "médias" et comptant laisser l'avenir de Vivendi dans des mains françaises. Avec sa candidature soudaine, l'homme d'affaires breton a ainsi réussi à forcer l'effacement du candidat de Jean-René Fourtou. Vincent Bolloré a fait comprendre à ses rivaux qu'il ne se retirerait de la course que si le patron allemand en faisait de même. Il a eu gain de cause et s'en est publiquement félicité dans son communiqué.
Un comité de nomination devrait maintenant prendre une décision sur le choix du candidat avant la fin septembre. De son côté, Jean-René Fourtou devrait accepter de quitter ses fonctions vers l'été 2014. Rappelons que c'est la vente de Direct 8 (D8 désormais) et Direct Star (D17) à Canal+ en 2012 qui a permis à Vincent Bolloré de véritablement prendre pied dans Vivendi. Dans le cadre de cette cession payée en partie en actions, le groupe Bolloré a pu monter à hauteur de 4,41% du capital du groupe médias et Telecom. Des investissements postérieurs lui ont ensuite permis d'atteindre les 4,95% du capital, faisant de Vincent Bolloré le premier actionnaire de Vivendi.