Aujourd'hui, BFM TV innove en créant son premier magazine de reportages. Pendant deux heures, chaque samedi à 18 heures, Thomas Misrachi reviendra sur les grands événements de la semaine écoulée. Entretien avec Hervé Beroud, directeur de la rédaction de BFM TV.
Propos recueillis par Julien Lalande
puremedias : Un magazine dans le même format que "Sept à Huit" ou "Envoyé spécial", c'est une première pour une chaîne d'informations en continu. Pourquoi créer un tel rendez-vous ?
Hervé Beroud : C'est dans le cours de l'évolution de BFM TV, une chaîne qui a maintenant sept ans et qui a trouvé sa maturité en termes de contenus et d'audiences. C'est une façon de poursuivre notre développement. Alain Weill (le patron du groupe NextradioTV, propriétaire de BFM TV et RMC notamment) avait cette idée en tête depuis deux ans. Nous voulions créer ce rendez-vous le week-end, lorsque l'actualité est souvent moins forte, pour prendre le temps de faire de l'info dans la longueur. La naissance prochaine de RMC Découverte, la chaîne consacrée aux documentaires du groupe, nous en fournit l'occasion puisque ce nouveau magazine sera multi-diffusé en deuxième fenêtre sur RMC Découverte. Économiquement, il y a donc des synergies dégagées autour de cette émission.
Quel sera le sommaire de ce premier rendez-vous ?
Cette émission se construit en deux parties d'une heure au profil un peu différent. Dans la première heure, nous aurons chaque semaine un reportage de 26 minutes, consacré samedi à la Libye à l'occasion du premier anniversaire de la mort de Kadhafi. Nous sommes retournés à Syrte un an après pour voir si le visage de la ville a évolué. Dans la seconde heure, nous aurons cinq reportages plus courts sur les faits marquants de l'actualité de la semaine. Cette semaine, nous parlerons ainsi du renflouage du Condordia, du chômage des jeunes en Grèce, de la mort de Me Sollacaro en Corse, des déserts médicaux et nous aurons un reportage autour de la première semaine humanitaire de la Première dame, Valérie Trierweiler.
Est-ce qu'il y aura des invités en plateau ?
Dans la première heure, il y aura une discussion qui rebondira sur le sujet de 26 minutes. Dans la seconde heure, nous aurons trois à quatre intervenants qui seront souvent des grands reporters qui viendront spécifiquement parler de l'un des sujets. Par exemple, samedi, nous aurons un grand reporter du Nouvel Observateur qui viendra parler de la Grèce.
"Sept à Huit", "Envoyé spécial" et "66 minutes" reposent majoritairement sur des reportages réalisés par des rédactions externes aux chaînes. Est-ce que "7 jours BFM" reposera sur ce modèle ?
Non, ça sera tout le contraire. Nous ne ferons pas des reportages qui auraient pu être tournés deux à trois semaines avant la diffusion. Nous voulons être au plus près de l'actualité pour coller à l'ADN de la chaîne. Dans la fabrication, là aussi nous faisons différent : nous avons mis en place une équipe spécifique à l'émission en recrutant huit personnes. La rédaction de BFM TV sera également mise à contribution. Tout se fait en interne. C'est donc un budget important, que nous partageons avec RMC Découverte.
On connaît tous le ton singulier de "Capital" ou de "Sept à Huit" qui s'attachent à raconter des histoires. Est-ce que "7 jours BFM" se différenciera aussi sur son mode de narration ?
Nous serons toujours dans un ton très rythmé, très news, qui est la marque de fabrique de BFM TV. L'émission sera présentée par Thomas Misrachi qui a, lui aussi, ce souci de l'énergie. Nous serons également en direct, d'une part pour pouvoir casser l'antenne si une information survient et, d'autre part, pour donner forcément un ton différent. Le direct amène toujours une tonalité, une force à l'émission.
Trois questions d'actualité pour finir. Votre éditorialiste politique, Christophe Jakubyszyn, a été recruté par TF1. Avez-vous décidé quel journaliste lui succèdera ?
Non, pas encore. Un recrutement extérieur est en cours. S'il est éditorialiste politique chez nous, Christophe Jakubyszyn est aussi directeur de la rédaction à RMC. C'est donc eux qui cherchent le bon profil, même si nous sommes consultés.
Le CSA préconise de ramener l'égalité du temps de parole pendant une campagne électorale de cinq à deux semaines. Les Sages vous ont entendu ?
C'est une très bonne idée. On l'a dit et répété en 2007 et encore plus en 2012. Si nous ramenons à deux semaines l'égalité de temps de parole pendant les campagnes électorales, un très grand pas aura été franchi pour la démocratie et, accessoirement, la vie des médias. En 2012, à cause de cette loi, les Français ont été privés de plusieurs rendez-vous sur TF1 et France Télévisions dans la dernière ligne droite de l'élection présidentielle.
Depuis le début de l'année, BFM TV réalise en moyenne 1,8% de parts d'audience, contre 0,8% pour i-TELE. Quelle est aujourd'hui l'ambition de BFM TV alors que 2013 pourrait être une période moins riche en fortes actualités, notamment politiques ?
L'actualité est imprévisible, donc je ne suis pas sûr que l'actualité sera moins forte en 2013 qu'en 2012. D'autant plus que l'audience de BFM TV ne s'est pas seulement construite avec la politique, il y a eu le tsunami et ses conséquences au Japon, les révolutions arabes ou encore l'affaire Merah. Deuxièmement, il va y avoir six nouvelles chaînes lancées en décembre. A priori, nous ne serons pas les plus impactés puisqu'il n'y a pas de chaînes d'informations, à part une chaîne sportive (L'Equipe HD, NDLR). Notre objectif, comme l'a dit Alain Weill, est de nous stabiliser autour des 2% de parts d'audience, ce qui est déjà une très forte performance. Aujourd'hui, nous sommes calés autour des 1,8 à 1,9% de PDA et nous serons bénéficiaires sur l'année 2012. Je pense qu'en cas d'actualités fortes, nous pouvons facilement dépasser à nouveau les 2%. Nous devons continuer à nous battre pour rester, chaque jour, les meilleurs.