C8 fait le pari de la fiction. La chaîne gratuite du groupe Canal+ lancera d'ici quelques mois sa nouvelle série, "Access", une comédie produite par Calt Production ("Caméra Café", "Kaamelott") et Allys Prod, avec Ahmed Sylla dans le rôle principal. L'humoriste révélé par l'émission "On n'demande qu'à en rire" sur France 2 en 2011 jouera le rôle de Yanis, une star d'internet qui a connu le succès grâce au duo formé avec son ami Tristan, incarné par Pierre Langlois.
Leurs chemins vont finir par se séparer après que Tristan décide de se tourner vers le cinéma. Yanis va rebondir dans le vieux monde, la télévision, en étant recruté grâce à son meilleur ami par une productrice (Mathilda May) pour intégrer la bande d'humoristes de l'émission fictive "Sketchs & Associés". Mais l'intégration de Yanis ne va pas être facilitée par ses nouveaux collègues de travail, interprétés par Olivier Charasson, Julie Bargeton et Amir El Kacem, qui le considèrent comme un OVNI et le prennent de haut.
puremedias.com s'est rendu jeudi sur le tournage d'"Access". En plein centre-ville de Nogent-sur-Marne, l'équipe a investi pour la journée une petite place, devant un café. Ahmed Sylla, en forme, déambule, perruque sur la tête. Non loin, un autre comédien porte lui aussi une perruque pour les besoins d'un sketch. "Pour plaisanter, on dit qu''Access' est la série des perruques", sourit Thomas Pone, co-créateur de cette nouvelle fiction avec Moussa Sylla, le frère de l'humoriste. "C8 nous a donné carte blanche", assure-t-il. Le tournage de cette première saison, débuté en octobre et réparti sur plusieurs sessions, prendra fin la semaine prochaine.
Qu'on ne s'y trompe pas, "Access" n'est pas le portrait d'un youtubeur. "Je n'ai pas voulu faire une caricature. C'était un prétexte pour être dans l'air du temps et trouver un rôle qui colle à mon âge. Le personnage de Yanis me ressemble", explique Ahmed Sylla, 28 ans. Internet n'est en réalité qu'un prétexte pour développer des thèmes plus larges comme celui de l'intégration ou du racisme, avec juste ce qu'il faut d'humour. Le personnage de Yanis, loin d'être lisse, est radin et prétentieux tout en restant attachant. Pour l'anecdote, la série accueille une vraie youtubeuse, en la personne d'Audrey Pirault, qui va jouer la copine du héros.
"Les préjugés de Yanis vont être confrontés aux préjugés des autres. Ce n'est pas seulement une série sur la télé qui parle de la télé", résume Thomas Pone. Avec le reste de l'équipe, dont Varante Soudijan qui réalise les épisodes, ils se disent volontiers adeptes de "l'humour de gêne" à la Larry David ou à la Ricky Gervais, avec des silences assumés. Thomas Pone et Varante Soudijan ont déjà oeuvré sur des programmes made in Canal+ comme "Action discrète" ou "Groland". "Avec Thomas et Varante, on a le même état d'esprit, les mêmes références et les mêmes envies", abonde Ahmed Sylla, qui rêvait depuis longtemps d'avoir sa propre série. "On voulait un titre accessible, mémorisable, façon 'H'". "Access" était donc né.
puremedias.com a pu visionner en avant-première deux épisodes, les 2e et 4e de la série. La manière dont la série est construite est assez originale puisqu'elle mêle à la fois sketchs - ceux diffusés dans l'émission fictive "Sketchs & Associés" - et fiction, avec les déboires de Yanis dans l'univers de la télévision. "On tient à cet aspect feuilletonnant pour donner envie de suivre le destin des personnages", souligne Thomas Pone, co-créateur d'"Access". Mais là où d'autres séries se contentaient habituellement de diffuser des extraits de tournages fictifs, "Access" tient solidement sur ses deux jambes que sont les sketchs et la fiction, les deux étant traitées de manière aussi qualitative l'une que l'autre. Dans le même temps, les parodies permettent de faire progresser la fiction.
De un à trois sketches sont diffusés dans chaque épisode, interprétés par la bande d'auteurs et d'humoristes qu'intègre Ahmed Sylla, alias Yanis, dans une belle mise en abyme. L'équipe de tournage qui apparaît dans "Access" est constituée de figurants, qui le temps de quelques répliques, deviennent même parfois des comédiens à part entière. Dans l'épisode 4, une des séquences parodiques diffusées, très réussie, met Ahmed Sylla dans la peau d'une femme enceinte, qui fait tout pour éloigner son mari du domicile conjugal en multipliant les prétextes bidon. Un clin d'oeil à sa parodie remarquée en 2017 de l'émission "Une ambition intime", où il avait campé une Karine Le Marchand plus vraie que nature.
"Access" séduit par sa sobriété, là où on pouvait craindre une débauche de bruitages et de musique indigestes façon "Scènes de ménages" sur M6. Dans le rôle des parents de Yanis, Mc Jean Gabin, qui joue le rôle d'un contremaître et Princess Erika, celui d'une gérante de salon de coiffure, sont très justes. On a l'impression de retrouver les personnages incarnés sur scène par Ahmed Sylla. Enfin, le rôle de la productrice semble avoir été conçu sur mesure pour Mathilda May. L'ensemble est donc très plaisant à suivre.
C'est la première fois qu'Ahmed Sylla occupe le premier rôle d'une série. Entre 2013 et 2016, il avait incarné Noah dans la série policière de TF1 "Alice Nevers" avant de connaître un joli succès dans son premier film, "L'Ascension", début 2017, qui a dépassé le million d'entrées.
20 épisodes de 26 minutes ont été commandés par C8, pour une diffusion qui débutera à la rentrée prochaine, à raison de deux épisodes par semaine, dans une case qui devrait précéder une des émissions de Thierry Ardisson le week-end. Une éventuelle deuxième saison dépendra bien entendu des audiences obtenues. Dernière confidence : cette première salve est structurée comme deux mini-saisons, avec un cliffhanger à la fin de l'épisode 10 et une ellipse entre l'épisode 10 et l'épisode 11. "Access" fait le pari de la surprise.