Le petit écran manque-t-il de reporters ? Hier, dans "C ce soir" sur France 5, Karim Rissouli a reçu la politologue et ex-animatrice de France 5, Géraldine Muhlmann, afin d'échanger autour de la question "Doit-on débattre à tout prix ?". Cette thématique a été choisie quelques jours après le débat tendu entre Eric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon sur BFMTV et cette interrogation concernant le fait de débattre ou non avec le polémiste d'extrême-droite. De son côté, toujours sur le même sujet, le quotidien catholique "La Croix" a publié jeudi dernier un manifeste intitulé "Débattre vraiment !" dans lequel il détaille dix engagements pris pour favoriser une discussion apaisée durant la campagne présidentielle.
"Les débats sont des pugilats, mais ce n'est pas récent. Ce sont des techniques. Il y a des gens plus ou moins doués pour ça. La politique a toujours été faite de ça. En tout cas, en démocratie. Ce qui me préoccupe, c'est que nous arrivons à un tel clivage dans l'opinion publique, qu'une partie de la population est obsédée par la question identitaire. En face, nous avons des gens qui ne pensent pas du tout cela. Je ne suis pas étonnée qu'ils n'arrivent pas à se parler", a commencé à argumenter Géraldine Muhlmann, ajoutant que "nous n'arrivons même plus à nous mettre d'accord sur des faits" : "Nous n'arrivons plus à nous raconter un monde à peu près commun".
La professeure en sciences politiques a poursuivi au sujet des reporters, qui sont "les grands instruments de la narration à la télévision et dans les journaux" : "Ils sont fondamentaux dans le journalisme moderne et pour essayer de réguler les opinions. On peut avec un reportage ou une enquête, si on acquiert une confiance avec le public (...) raconter des faits et quelque chose qui est recevable par tout le monde". "Il n'y a pas de reporters sur les chaînes d'information", a-t-elle souligné. Et de préciser : "Il n'y a presque plus d'enquêtes sur les autres chaînes. Je déplore vraiment et profondément le rétrécissement du champ du reportage et de l'enquête".
Géraldine Muhlmann a estimé que ce manque de reportage à la télévision se faisait "au profit de l'opinion" : "On fait des plateaux, c'est moins cher ! On angle même plus les conversations. Sur toutes les chaînes d'info, c'est comme ça !". Pour autant, la politologue ne s'interdit pas de se rendre sur ces chaînes : "Je ne refuse pas quand j'ai quelque chose à dire. L'angle du débat, je me le fais toute seule (...) Et je bosse ! J'essaye d'apporter un chiffre, une info, un témoignage, quelque chose pour essayer de ne pas être dans le café du commerce. Même si le café fait partie de la démocratie". puremedias.com vous propose de visionner la séquence.
Mise à jour (28/09/2021 15:24) : Ce mardi, Marc-Olivier Fogiel, patron de BFMTV, a réagi sur Twitter aux propos de la politologue : "Dommage chère Géraldine que tu ne sois pas donné la peine quand tu venais débattre sur BFMTV de monter à la rédaction. Tu aurais rencontré des dizaines de reporters qui rapportent des faits, qui enquêtent, qui travaillent pour que le débat s'appuie sur des faits !". Olivier Truchot s'est également agacé de la critique de Géraldine Muhlmann : "250 journalistes sur BFM, des reporters, des documentaires, des infos exclusives... Pas obligée de relayer les bullshits".