Des résultats qui inquiètent ! Hier, Médiamétrie a dévoilé les courbes d'audience des radios pour la vague novembre-décembre 2022. Une période au cours de laquelle deux antennes ont particulièrement souffert : Europe 1, doublée par RFM en part d'audience, et France Bleu, dont la courbe s'effondre littéralement depuis la rentrée.
Avec une part d'audience de 5,0% (-0,8 point sur un an), la radio aux 44 stations locales est écoutée par 2,71 millions d'auditeurs. Désormais largement distancée sur ce critère par Skyrock et doublée par Nostalgie, elle a égaré 594.000 auditeurs par rapport à la même période l'an passé. Cette mauvaise passe s'ajoute à celle déjà constatée lors de la vague de la rentrée. En septembre-octobre 2022, France Bleu avait perdu l'attention de 564.000 auditeurs et 1,1 point de part d'audience par rapport à la rentrée 2021.
Pour le Syndicat national des journalistes (SNJ), la coupe est pleine. "Ces mauvais résultats d'audience fragilisent non seulement le réseau mais l'ensemble de Radio France, au moment où le financement et l'indépendance de la radio publique sont en jeu", a-t-il écrit dans un communiqué.
Avant d'observer que "ce résultat catastrophique correspond à la pire période jamais traversée en termes de moyens humains". "Ces derniers mois, faute de budget de remplacement, des dizaines de locales n'ont pas eu d'autre choix que de renoncer à produire et diffuser une partie de leurs programmes. Voilà la preuve que la réduction de l'offre locale fait fuir les auditeurs", analyse le SNJ. En septembre 2022, Matthieu Darriet, co-secrétaire du SNJ-Radio France, racontait à ce sujet à puremedias.com qu'un "arrêt maladie longue durée pas totalement compensé a contraint France Bleu Hérault à suspendre provisoirement le flash de 17h et le journal de 18h. C'est une ligne rouge qui est franchie".
Le SNJ met directement en cause le bilan de la direction de la station. "Ces résultats catastrophiques signent son échec. Aucun de ses choix n'a fonctionné, à commencer par celui du partenariat avec France 3. On nous promettait qu'une visibilité à la télé porterait les audiences. Nous savons maintenant que cet effet est au mieux imaginaire, au pire contre-productif : combien n'allument plus la radio le matin, puisqu'il y a la télé ? France 3 y trouve peut-être son compte mais certainement pas France Bleu", constate, amer, le SNJ.
De la même façon, le Syndicat reproche à sa direction "le pari du passage en force permanent sur le web". "Le numérique complète naturellement l'antenne, son développement est stratégique. Pourtant cette direction a décidé que francebleu.fr pouvait être sacrifié et offert à France Télévisions". Depuis avril dernier, les marques France Bleu et France 3 proposent un seul et unique site d'information par région à partir du nom de domaine de francebleu.fr.
Le SNJ relève enfin que "l'origine des difficultés de France Bleu est plus profonde" que le déclin du média radio. "La dernière campagne d'affichage est très révélatrice à cet égard. Elle réussit la performance extraordinaire de n'afficher ni le nom de la station du coin ni sa fréquence. Cette direction n'a toujours pas compris qu'on écoute une locale, 'sa' locale ! La promesse de proximité sonne creux quand elle ne sert qu'à maquiller un fonctionnement aussi vertical", conclut le Syndicat, qui en appelle à Sibyle Veil, la présidente récemment reconduite à la tête de Radio France. Contactée par puremedias.com, la direction de Radio France n'a pas souhaité réagir. Celle de France Bleu n'a pas donné suite à nos sollicitations.