Nouveau document marquant dans "Envoyé Spécial". L'émission reprise par Elise Lucet depuis le 29 septembre diffuse ce soir sur France 2 un 52 minutes inédit intitulé "Dans la peau d'un lanceur d'alerte", produit par Premières Lignes ("Cash Investigation").
Dans ce reportage, les équipes du magazine ont suivi l'histoire de Raphaël Halet, un Français ordinaire qui a fait sortir de son entreprise, PricewaterhouseCoopers (PwC), des documents ultra confidentiels. Ces derniers sont à l'origine d'un scoop planétaire dévoilant les arrangements fiscaux organisés par le Luxembourg et ce cabinet d'audit pour permettre à des multinationales d'échapper à l'impôt : les désormais fameux "LuxLeaks".
En 2013, ces documents ont notamment nourri l'enquête du journaliste de "Cash Investigation", Edouard Perrin. Après que deux de ses sources au sein de PwC, Antoine Deltour et Raphaël Halet, ont été démasquées par le cabinet d'audit, le reporter a été jugé en mai avec ces derniers par la justice luxembourgeoise. Si Edouard Perrin a été acquitté en première instance, les deux lanceurs d'alerte français ont en revanche été condamnés à 12 et 9 mois de prison avec sursis. Ils ont fait appel de cette décision et un nouveau procès doit s'ouvrir en décembre prochain.
C'est toute cette histoire digne d'un polar que Benoît Bringer, journaliste à Premières Lignes, a choisi de raconter. De son aveu même, il n'est pas totalement "neutre" dans toute cette affaire puisqu'il est le voisin de bureau d'Edouard Perrin. "Je ne suis pas neutre car j'ai un accès privilégié à ses protagonistes mais j'ai traité ce sujet comme tous les sujets que je traite, avec la même rigueur", tient-il a préciser à puremedias.com, ajoutant qu'il n'avait pas du tout travaillé en 2013 sur l'enquête d'Edouard Perrin. "Ce qui est passionnant, c'est qu'on a pu montrer ce qu'on ne peut jamais montrer : les relations entre un journaliste et sa source", souligne Benoît Bringer sur son enquête à l'esthétique soignée.
Déjà auteur d'une enquête remarquée sur les "Panama Papers" pour France 2, Benoît Bringer révèle dans son documentaire les incroyables pressions auxquelles Raphaël Halet a été soumis pour qu'il avoue être la source d'Edouard Perrin. Le journaliste démontre aussi comment PwC a pu parfois être aidé dans sa tâche par certains pouvoirs judiciaires et policiers français. A tel point qu'une enquête interne a même été ouverte par la gendarmerie nationale pour comprendre le comportement de certains de ses fonctionnaires lors d'une perquisition menée au domicile de Raphaël Halet, en présence de l'état-major de PwC, son propre employeur.
Au final, "Dans la peau d'un lanceur d'alerte" relance le débat sur la protection des journalistes et de leurs sources en France et en Europe. Des questions particulièrement brûlantes alors que les journalistes d'investigation continuent de dénoncer la directive dite "secrets des affaires" qu'ils considèrent comme attentatoire à la liberté de la presse. C'est d'ailleurs cette dernière qui a servi de base juridique à la condamnation d'Antoine Deltour et Raphaël Halet.
"C'est un sujet très important", souligne Benoît Bringer qui plaide pour une meilleure protection des lanceurs d'alerte. Cette dernière passe notamment par la prise en charge publique de leurs frais de justice. Au chômage depuis qu'il a été démasqué, Raphaël Halet explique ainsi dans le documentaire qu'il n'a plus les moyens de payer ses avocats...
Outre ce reportage, cet "Envoyé Spécial" à la sauce Lucet s'intéresse aussi à la société internationale Lactalis, productrice de lait. Le document dévoile comment l'entreprise qui assure 20% de la collecte laitière de France, profite de sa position pour imposer ses règles. Le sujet de "Complément d'enquête" qui suit la soirée de France 2, trace le portrait du numéro 2 du Front national, Florian Philippot. puremedias.com vous propose de découvrir un extrait du reportage sur les lanceurs d'alerte diffusé ce jeudi à 21h sur France 2.
BM&FG