"L'Opinion" s'en prend à "Libération". Dans son éditorial journalier, le patron du quotidien "libéral, pro-européen, pro-business", Nicolas Beytout, adresse aujourd'hui une "lettre ouverte" à Laurent Joffrin, son homologue à "Libération". Nicolas Beytout lui reproche un article visant une journaliste de "L'Opinion", Emmanuelle Ducros, paru dans la rubrique de "Libération" dédiée au fact-checking, "Checknews", le 27 juin dernier. Dans cette enquête, "Libération" révélait notamment qu'Emmanuelle Ducros aurait, contrairement à ses dires publics, été rémunérée 1.000 euros pour sa participation en juin 2018 à une table ronde organisée par la Fédération des entreprises de boulangerie (FEB) en Autriche.
"Je m'adresse à toi, cher Laurent Joffrin, pour obtenir un certain nombre d'éclaircissements sur une des rubriques de ton journal", commence la missive de Nicolas Beytout. Elle reproche ensuite à "Checknews", ce "site donneur de leçons", de s'être "attaqué" à Emmanuelle Ducros. pour des raisons "idéologiques". Selon Nicolas Beytout, la "faute" de sa journaliste serait de "considérer que les campagnes menées contre le glyphosate sont souvent dictées par des objectifs idéologiques, et qu'elles font peu de cas de ce que dit (ou ne dit pas) la science". Une référence à un reportage d'"Envoyé spécial" de janvier dernier dénonçant la nocivité de l'herbicide de Monsanto, qu'Emmanuelle Ducros avait vivement critiqué sur Twitter.
"Son péché ?", poursuit le patron de "L'Opinion" à propos de sa journaliste, "avoir le courage de ses convictions, jusqu'à contester le dogmatisme de tel gourou vert ou les prises de position de telle grande prêtresse de l'investigation, Elise Lucet bien sûr. Soutenus par une intense campagne de haine sur les réseaux sociaux, quelques journalistes-justiciers ont donc juré de disqualifier notre journaliste. Par tout moyen, y compris les plus indignes : enquête à charge, menaces à peine voilées sur des 'témoins', usurpation d'identité pour soutirer des preuves", dénonce Nicolas Beytout, raillant au passage les révélations de "Checknews".
Le patron de "L'Opinion" conclut sa charge en révélant que la rubrique de fact-checking de "Libération" existerait grâce à un financement du quotidien par Facebook à hauteur de 100.000 dollars par an. Et Nicolas Beytout d'interpeller le patron de Facebook, Laurent Solly, sur cette affaire. Avant de lui demander de lui répondre, tout comme Laurent Joffrin.
Mardi 2 juillet 2019 à 17h29 : Laurent Joffrin a répondu dès aujourd'hui à Nicolas Beytout dans un billet publié sur le site de "Libération".