Pro-gouvernement, "Le Parisien" ? C'est ce que déplore la Société des journalistes (SDJ) du titre dans un communiqué interne daté du mercredi 29 mars. Le document, dont "Arrêts sur images" s'est fait l'écho et que puremedias.com a pu consulter, met en exergue les préoccupations de la rédaction dans cette séquence politique tendue. La SDJ s'est entretenue le mardi 28 mars avec Nicolas Charbonneau, le directeur de la rédaction du titre. Elle lui a fait part de ses craintes quant à un "traitement jugé partisan, sinon orienté (de la réforme des retraites) dans un journal traditionnellement respectueux de toutes les sensibilités républicaines et démocratiques".
Les tensions se cristallisent notamment autour de la question des Unes, la vitrine du quotidien. "Depuis plusieurs semaines, toutes les grandes interviews de Une avaient été faites soit avec des membres du gouvernement (Gabriel Attal, Elisabeth Borne, Gérald Darmanin, Olivier Dussopt, Bruno Le Maire), soit avec le chef du groupe LR au Sénat (Bruno Retailleau)", souligne la rédaction.
Les voix discordantes et opposées à ce texte "largement contesté dans l'opinion et au Parlement" n'ont pas droit à la même exposition. Malgré tout, le professionnalisme du service politique n'est pas remis en question. La SDJ et la direction ont admis qu'il ne s'agissait pas de "dérouler le tapis rouge" quel que soit la couleur politique de l'interviewé.
De son côté, Nicolas Charbonneau aurait "assumé ce déséquilibre" tout en se félicitant que "la séquence politique soit faite" dans leurs pages. Des propos retranscris par la SDJ. L'intéressé réfute cependant tout côté partisan.
49-3, manifestations, violences policières... La rédaction dit avoir toujours l'impression de prendre le parti de l'exécutif. Pour ce qui est des mobilisations, celles-ci sont jugées "sous-traitées" ou mal traitées, en prenant un angle "critique". Des plaintes similaires à celles des journalistes de France 3 qui se sont également rebellés plus tôt cette semaine.
"Enfin", la SDJ se dit "émue" des éditoriaux dans la grande majorité favorable à la réforme, ne respectant pas l'équilibre des opinions. "Une nouvelle fois, la SDJ ne peut que réclamer la suppression pure et simple de l'édito, relayant ainsi une demande ancienne et très forte de la rédaction". Une demande refusée dans la foulée par Nicolas Charbonneau. Hasard du calendrier, la SDJ qui s'émeut va faire (re)élire son (nouveau) bureau, ce jeudi 30 mars.