Nouvelle enquête sur la dynastie Le Pen. Ce soir, à 20h45, LCI proposera "Le Pen, la politique en héritage", un nouveau long format de 52 minutes consacré aux relations entre Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen et Marion Maréchal. Une programmation qui intervient deux mois après celle de l'enquête "Le Pen : Secrets, pardons et trahisons" sur BFMTV. Pour rappel, à l'époque, celle-ci avait été suivie par 513.000 téléspectateurs (2,1% de PDA), selon Médiamétrie.
Contrairement à l'enquête de BFMTV, qui ne proposait que le témoignage de Jean-Marie Le Pen, le principal atout de l'enquête de LCI est qu'elle repose à la fois sur celui-ci du patriarche de la famille Le Pen et sur celui de sa fille. En revanche, contrairement à ce qu'annonce la chaîne, elle n'a pas obtenu de prise de parole de Marion Maréchal. Pour les besoins de ce documentaire, LCI a simplement recyclé un témoignage déjà diffusé et daté de décembre 2016 et que l'ex-députée française avait à l'époque accordé à Christophe Jakubyszyn. À cette date, Marion Maréchal ne s'était pas encore retirée de la vie politique.
Les équipes de LCI ont pourtant bien tenté d'avoir un mot de Marion Maréchal, en la poursuivant notamment lors de son déplacement à l'université d'Oxford en janvier dernier. Mais la jeune femme décline fermement devant la caméra de LCI : "Pas d'interview". En son absence, c'est Marine Le Pen qui commente sa relation avec sa nièce, rappelant qu'elle l'a "littéralement vue naître" et qu'elle a été pour elle une sorte de père de substitution. Jamais dans ce documentaire, Marine Le Pen ne reconnaît la moindre rivalité avec sa nièce et écarte tout clash avec elle après le congrès de 2014, contrairement à ce que soutient Florian Philippot. Celui-ci était pourtant à l'époque précisément au coeur de la bisbille supposée entre la tante et la nièce. "J'ai vu Marion Maréchal passer en pleurs", se délecte à ce sujet Florian Philippot, aujourd'hui persona non grata du RN.
Abordée dans la dernière partie du documentaire, la relation entre Marine Le Pen et Marion Maréchal est plus vite expédiée que ne l'est celle entre Marine Le Pen et son père. Les deux principaux intéressés ne sont d'ailleurs pas avares sur le sujet. La patronne du RN évoque les dérapages à répétition de son père, comment par exemple elle a été "folle de rage" et a voulu "tout arrêter" après l'interview de ce dernier dans "Rivarol" en 2005. "Ça a été horrible" raconte-t-elle à propos de l'exclusion de son père, viré du parti en 2015. Une décision qu'elle assume pleinement malgré "la souffrance causée". "Tout le monde disait que c'était Philippot. Je ne collerai pas cette décision sur le dos de Philippot. Je l'ai prise en mon for intérieur" explique la présidente du RN.
À propos de ses saillies, Jean-Marie Le Pen, fidèle à lui-même, ne regrette rien. "C'est banal, je ne vois pas en quoi ça a pu perturber qui que ce soit", élude "le menhir", après avoir vanté sa capacité à "faire le buzz". "J'exprime ma pensée... peut-être parfois un peu maladroitement", concède du bout des lèvres celui qui serait aujourd'hui "en paix" selon Marie-Christine Arnautu, l'une de ses proches. "Il aime rappeler qu'il est là. Pour le meilleur... et, parfois, pour le pire !", sourit Marine Le Pen. Si les relations avec sa fille sont redevenues "normales" selon cette dernière, le patriarche, mimant le bruit d'un coeur qui bat, jure, lui, qu'il "décrochera le jour où on (le) mettra dans une caisse en bois".
Le plus intéressant dans ce documentaire est peut-être finalement le rapport, semble-t-il parfois complètement dépassionné, à la politique de Marine Le Pen, elle, qui voulait être commissaire de police et ne surtout pas marcher dans les traces de son père. Elle raconte ainsi comment en 2002 elle est allée "à contre-coeur" sur les plateaux de télévision après la qualification de son père au second tour et dit avoir longtemps pensé que la politique "est la raison de tous (ses) malheurs". "Elle est venue à la politique par facilité", commente Carl Lang, tandis qu'elle reconnaît avoir plusieurs fois songer à "tout arrêter" - ce que Florian Philippot confirme en évoquant "l'épuisement" de Marine Le Pen - et assure n'avoir "aucune fascination" pour le pouvoir.