"Les Inrocks" au coeur du scandale. Dix jours après l'éclatement de l'affaire dite de la "Ligue du Lol", "Mediapart" publie aujourd'hui une longue enquête sur la situation au sein de la rédaction. Pour rappel, deux journalistes des "Inrocks" ont été des membres actifs de la "Ligue du Lol". Après les révélations sur leurs agissements au sein de la "Ligue du Lol", tous deux ont été mis à pied et risquent désormais un licenciement pour faute grave.
Dans son enquête, Mediapart revient notamment sur l'ambiance au sein de la rédaction des "Inrocks" où un petit groupe masculin aurait progressivement acquis un pouvoir grandissant. Pour appuyer son enquête, Mediapart assure s'être entretenu avec vingt salariés, qui ont travaillé au sein du magazine culturel ces dernières années. "Peur", "système de domination" ou encore "humiliations" et "intimidations", les témoignages rapportés par le pureplayer sont accablants.
Il est ainsi raconté comment le patron du service web aurait organisé une opération de groupe ciblée contre un secrétaire de rédaction pour que celui-ci "transpire à chaudes gouttes et réalise qu'il n'arrivera jamais à contenir toute (la) production". Une journaliste de la rédaction, rapporte, elle, avoir souffert des "réflexions et piques" répétées de la part de l'un d'eux, au point de consulter un avocat en droit du travail et un représentant du personnel. Une autre affirme avoir reçu une "salve de haine" de la part du groupe après s'être opposée à la nomination de la rédaction en chef du service web. Le même aurait aussi été convoqué par sa direction après s'être battu avec un autre journaliste en 2012.
Il est aussi rapporté que Géraldine Sarratia, une ancienne rédactrice en chef en désaccord avec la ligne éditoriale, aurait été victime de "photomontages" et d'une campagne de calomnies. "Je pense que ce que je suis – une femme, homosexuelle, qui s'intéresse aux questions de genre et qui était sa supérieure hiérarchique – lui était insupportable", témoigne-t-elle dans "Les Inrocks". Selon "Mediapart", l'un d'eux et certains de ses proches se seraient aussi vantés d'avoir consulté les ordinateurs de ses collègues, dont celui de l'ancien directeur de la rédaction, Frédéric Bonnaud, qui s'exprime dans les colonnes de "Mediapart".
Le pureplayer questionne aussi les rapports aux femmes du journaliste. Plusieurs anciennes stagiaires du magazine rapportent ainsi à "Mediapart" avoir fait l'objet "d'avances plus ou moins fines". L'une d'entre elles évoque une "oppression permanente vécue pendant un mois". Selon "Mediapart", les directeurs successifs des "Inrocks" auraient été informés de la situation au sein du journal sans agir pour autant. Élisabeth Laborde, l'actuelle directrice générale des "Inrocks", explique n'avoir "jamais été saisie ou alertée de tels agissements". Contacté par "Mediapart", l'un des rédacteurs en chef "affirme n'avoir jamais commis" les actes rapportés.