J+1. Au lendemain de la réélection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République avec 58,54% contre 41,46% pour sa rivale, Marine Le Pen, la presse attend, ce matin, le locataire de l'Élysée, pour cinq années supplémentaires, au tournant. Certes, la réélection du chef de l'État est historique. "Jamais, sous la Ve République, un président n'était parvenu, sans cohabitation, à se faire réélire", martèle en Une "Le Figaro", qui a choisi d'insister sur sa "grande victoire" et les "grands défis" qui l'attendent. Mais avec un taux d'abstention au plus haut depuis un demi-siècle (28,01%, près de 13,7 millions de Français) - et en hausse par rapport au premier tour - et une extrême-droite en tête dans 23 départements métropolitains (contre deux seulement en 2017) et les cinq départements d'outre-mer, les fractures sont béantes selon la presse. "Le Monde" promet ainsi à Emmanuel Macron "une réelection sans état de grâce" et souligne en Une le "niveau historique de l'extrême droite".
Dans un registre similaire, "La Croix" - comme "L'Yonne républicaine" - estime que "tout reste à faire". "Il sort des urnes un concentré de colère, d'aigreur et de frustrations", écrit Jérôme Chapuis, rédacteur en chef du quotidien catholique, dans son édito du jour. "Le large écart entre les deux candidats ne peut faire oublier que l'extrême-droite a réalisé son meilleur score sous la Ve République. C'est un avertissement pour tous les républicains modérés, à commencer par Emmanuel Macron", ajoute-t-il. Ce sentiment "d'inquiétude" est aussi à la une du quotidien belge "Le Soir", qui pousse ce matin un ouf de "soulagement".
"Libération" rappelle, de son côté, à la mémoire d'Emmanuel Macron qu'il doit en partie sa réélection à "un sursaut démocratique des Français qui se sont mobilisés pour contrer une extrême-droite plus forte que jamais". "Macron réélu : Merci qui ?", titre ainsi en Une le quotidien dirigé par Dov Alfon.
Toujours à gauche, "L'Humanité" se réjouit d'abord et surtout de la défaite de Marine Le Pen et appelle désormais à "combattre Macron". "Les législatives seront décisives pour contester les politiques libérales annoncées par le chef de l'État", glisse le journal communiste, qui se projette déjà vers le scrutin des 12 et 19 juin.
L'enthousiasme n'est pas de mise non plus du côté de la presse régionale. "Macron, la victoire sans ferveur", titre ainsi "L'est républicain". Emmanuel Macron est "obligé de changer", pour "Le Progrès". "La voix du nord" reprend, de son côté, les mots prononcés par Emmanuel Macron ce dimanche soir sur le Champ-de-Mars, à Paris. "Ce vote m'oblige", retient le quotidien implanté à Lille. Plus sobrement, "Sud Ouest" lance "l'acte 2" de la présidence Macron.
À l'international, le quotidien de centre-gauche "Süddeutsche Zeitung", dans un édito critique, fustige enfin plus globalement le climat de cette campagne présidentielle. Le journal allemand incite les Français à sérieusement "se remettre en question", alors que le Rassemblement national s'offre un record de voix. "Comment se fait-il que le racisme ne soit plus qualifié de racisme aujourd'hui ? Pourquoi laisse-t-on Marine Le Pen s'ériger en toute impunité en protectrice des classes populaires ? Une sérieuse remise en question s'impose dans les médias, les écoles, les universités, et même jusque dans les bars, bon sang !"