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"Nous n'avons commis aucune faute" : Pourquoi des journalistes de France 3 sont forcés de se mettre "en retrait" de la campagne des législatives
Publié le 24 juin 2024 à 17:47
Par Ludovic Galtier Lloret | Journaliste
Né en Isère entre le tirage de la première boule noire de l'histoire de "Motus" et la première visite de candidats à "Fort Boyard", Ludovic Galtier est journaliste à Puremédias depuis octobre 2021. Il est passionné par la politique, l'économie des médias et leur stratégie de programmation.
Dans un courriel envoyé ce vendredi 21 juin 2024, la direction de France Télévisions a demandé à cinq journalistes de France 3, signataires d'une tribune appelant à "soutenir le combat contre l'extrême droite", de se mettre "en retrait" de la campagne des législatives jusqu'au 8 juillet.
Carole Gaessler présentait un "19/20" raccourci ce lundi 12 septembre 2022 en raison d'un mouvement de grève à France Télévisions. © France 3
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Sur la touche. Le directeur de l'information de France Télévisions a sommé, dans un mail du 21 juin 2024, cinq journalistes du groupe audiovisuel public de se mettre "en retrait" de la couverture de la campagne des législatives jusqu'au lendemain du second tour, le 8 juillet prochain. Leur tort, selon la direction, est d'avoir signé une tribune paraphée par plus de 100 médias ("Médiapart", "Streetpress", "Reporterre", "Arrêt sur images", "Acrimed", "L'Humanité"...) "pour un front commun des médias contre l'extrême droite" et publiée le 19 juin dernier dans "Le club de Médiapart".

"Il en va de l'image d'impartialité des rédactions de France Télévisions"

Dans ce texte, les médias signataires placent "le combat contre l'extrême droite et son projet (...) au coeur (de leurs) engagements éditoriaux". Ce qui contreviendrait, selon la direction de France Télévisions, à la neutralité politique telle que définie par le guide du groupe en matière de prévention des conflits d'intérêts comprenant le cas des soutiens aux candidats.

"Cet appel au vote s'avère incompatible avec le traitement de la campagne électorale sur l'ensemble des supports de France Télévisions", est-il notifié aux intéressés dans le courrier de la direction que puremedias.com a pu consulter. "Il en va de l'image d'impartialité des rédactions de France Télévisions", ajoute la direction, selon qui la SDJ de la rédaction nationale de France 3 n'est plus représentative depuis la fusion des rédactions. La SDJ de la rédaction nationale de France Télévisions, de son côté, avait indiqué, sur le réseau social X, avoir été "sollicitée" et n'avoir ensuite "pas signé cette tribune".

En conséquence, il a été décidé que ces cinq journalistes "ne traitent plus des sujets qui couvrent la campagne" électorale, mais ils "sont au planning, il ne s'agit pas d'une sanction", a tenu à préciser à puremedias.com France Télévisions.

"Nous contestons que cette tribune soit un soutien à un candidat"

Contacté par puremedias.com, Serge Cimino, l'un des cinq journalistes signataires, a annoncé qu'il a officiellement contesté "par recommandé" la décision de son employeur ce dimanche 23 juin.

"Nous contestons que cette tribune soit (considérée comme) un soutien à un candidat au même titre que la tribune de la présidente de France Télévisions contre les dangers de l'extrême droite", a-t-il comparé en référence à des lignes rédigées par Delphine Ernotte en avril dernier dans "La Tribune dimanche". "De la Hongrie à l'Italie, des mouvements illibéraux remettent en cause notre existence. En campagne, leurs discours nous promettent de nous éradiquer, mais une fois arrivés au pouvoir, leur première décision est bien souvent de façonner des médias publics à leur main", avait considéré la dirigeante du groupe public.

"La direction a saisi l'occasion que je sois dans le bureau de la Société des journalistes pour me sanctionner. C'est une mise à l'écart politique et syndicale", reprend Serge Cimino, représentant du SNJ de France Télévisions, syndicat qui a exprimé, ce lundi 24 juin, "son soutien confraternel aux cinq collègues visés par cette décision". "Le principe de neutralité n'existe pas dans notre règlement intérieur. Nous n'avons commis aucune faute", a conclu Serge Cimino.

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