Malaise à la rédaction de Franceinfo. À neuf jours du premier tour des élections législatives anticipées, la Société des journalistes du canal 27 s'alarme dans un mail, envoyé ce vendredi 21 juin 2024 en interne et que puremedias.com a pu consulter, "de ne pas diffuser sur son antennes ses propres soirées électorales" les 30 juin et 7 juillet prochains. À la place, Franceinfo diffusera "celle organisée par France 2 (présentée par Anne-Sophie Lapix et Laurent Delahousse, ndlr) avec la contribution de six journalistes de notre rédaction". "Ce choix (de la direction, motivé par) des décisions budgétaires, par souci d'économie, nous heurte".
"À notre connaissance", précise la SDJ, "une telle configuration ne s'est jamais produite sur l'antenne de Franceinfo, ni, plus généralement, d'aucune autre chaîne d'information en continu". Le dimanche 9 juin, jour du scrutin des Européennes 2024 par exemple, Franceinfo avait retransmis sa propre soirée électorale présentée par Matthieu Belliard.
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Dans ce mail, les journalistes de la 27 martèlent également que "dans un paysage médiatique morcelé", ils souhaitent "affirmer le positionnement de Franceinfo par rapport à la concurrence". "Nous refusons de nous effacer de l'antenne (...) Franceinfo se doit d'exister lors de ces deux soirées électorales. Son image est en jeu", avance la SDJ.
"Comment justifier auprès des téléspectateurs qu'ils ne retrouveront pas, notamment, nos présentateurs et éditorialistes politiques en se connectant au canal 27, ces deux soirées-là, pour le dénouement d'une campagne qu'ils ont suivie sur notre antenne ? Comment, dès lors, les convaincre de continuer à nous suivre si nous n'occupons pas l'antenne les soirs où tout se joue ?", s'interroge la rédaction de Franceinfo, portée par des audiences en hausse depuis la dissolution de l'Assemblée nationale.
La chaîne publique, dont la moyenne en mai 2024 était seulement de 0,7% de part d'audience, a en effet franchi chaque jour le seuil du pourcent depuis le samedi 8 juin (jusqu'à 1,5% de PDA le mercredi 12 juin). La période post-dissolution profite à l'ensemble des chaînes info. "Dans cette perspective", continue la SDJ dans son communiqué, "il nous paraît donc indispensable de prolonger ce lien de confiance avec nos téléspectateurs et de poursuivre dans cette dynamique positive pour notre chaîne."
La balle est désormais dans le camp de Delphine Ernotte, estime la SDJ en conclusion. La présidente de France Télévisions ne saurait, selon elle, "refuser à la chaîne d'information du service public les moyens d'exercer son indépendance et sa légitimité".
Contactée par puremedias.com, la direction de l'information de France Télévisions n'a pas donné suite à nos sollicitations. Selon nos informations, elle a démenti dans un mail de réponse à la SDJ "faire des économies", tout en indiquant qu'une soirée électorale "a un coût important". Elle a assumé en conséquence "associer (les équipes de) Franceinfo aux forces de France 2 pour produire une belle soirée électorale, ce qui permettra de poursuivre l'effort budgétaire du quotidien".