Avant son passage dans "On n'est pas couché" pendant la campagne électorale pour la présidentielle, le 18 février 2012, le ton était progressivement monté entre le Front national et Laurent Ruquier. Le parti de Marine Le Pen avait annoncé avoir déposé plusieurs plaintes après que l'émission avait raillé la présidente du Front national en diffusant son arbre généalogique sous la forme d'une croix gammée et en la "comparant a une merde" (dixit le FN) en montrant à l'antenne un dessin représentant une déjection sur fond de drapeau français avec le commentaire : "Le Pen, la candidature qui vous ressemble".
Dans ce dernier dossier, la Justice poursuit ses investigations. Hier, le Tribunal de grande instance de Paris a décidé de mettre en examen l'auteur du dessin, Charb de Charlie Hebdo, ainsi que le PDG de France Télévisions, Rémy Pflimlin, en sa qualité de directeur de la publication. Laurent Ruquier, qui n'a pas encore été entendu par le juge, devrait lui aussi être mis en examen. Ensemble, ils devront répondre de "complicité d'injure publique envers un particulier".
"Avec les dessins, on est dans la tradition de Michel Polac que tout le monde regrette tant, réagit Laurent Ruquier dans les colonnes du Parisien. C'est de la vieille histoire. On en a déjà parlé ! Même quand Marine Le Pen est venue ! Je ne réagis jamais sur les attaques du FN, ça leur fait trop plaisir. C'est faire leur jeu." Charb, lui, ne s'en prive pas : "Aucun des autres candidats n'a porté plaine ou manifesté une quelconque colère ou énervement. Tous les autres ont dû comprendre que c'était de l'humour, sauf Marine Le Pen. C'est un peu disproportionné pour un dessin! D'autres politiques n'aiment pas qu'on les caricature mais ils ont l'intelligence de ne pas nous attaquer parce qu'ils savent que Charlie Hebdo est un journal satirique", a déclaré Charb.
Rappelons enfin que la diffusion de ce dessin contesté avait été suivie d'échanges de courriers entre le Front national et Rémy Pflimlin. Bruno Bilde, directeur de la communication de la campagne de Marine Le Pen avait en effet contacté le président de France Télévisions pour lui faire part de sa colère : "C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. La vulgarité de Monsieur Ruquier atteint son comble (...) Marine Le Pen est la seule candidate à être traitée ainsi sur le service public". Rémy Pflimlin avait alors invité son interlocuteur à regarder l'émission dans un courrier où il soutenait que Laurent Ruquier n'était pas en tort, ce à quoi Bruno Bilde avait répondu que s'il ne comprenait pas où se situait le problème, il faudrait "demander à un tribunal de (lui) donner une leçon de bienséance".