Y a-t-il trop de chaines d'information en continu en France ? La sempiternelle question continue de faire débat, quatre ans après le lancement de franceinfo sur le canal 27 de la TNT. Dans son interview cash accordée au "Point" ce jeudi, non content de s'en prendre au Conseil supérieur de l'audiovisuel, Nicolas de Tavernost se montre également très critique sur la chaîne d'information du service public. "Elle fait 0,7 % d'audience (0,8% au mois de novembre, ndlr) pour un coût d'au moins 20 millions d'euros par an. Qu'a-t-elle apporté à part des déficits ?", pointe le patron du groupe M6.
Et de citer quelques lignes plus tôt une plus grande indépendance des chaînes privées vis-à-vis du pouvoir : "D'une manière générale, l'information sur les chaînes privées est aussi objective que celle du service public, et moins soumise aux soubresauts du pouvoir. En 1981, après l'élection de François Mitterrand, l'Élysée avait demandé la tête de l'éditorialiste de RTL Philippe Alexandre. Il ne l'a pas obtenue. Je ne suis pas sûr qu'il y ait eu autant de résistance du côté du service public...".
Le patron du groupe M6 ne croit pas à l'argument de la valeur ajoutée de franceinfo : "Pourtant, on nous fait la leçon en disant que franceinfo évite 'l'hystérisation du débat' en matière d'information. Je ne trouve pas qu'Yves Calvi, à RTL, ou Xavier de Moulins, à M6, soient hystériques". Nicolas de Tavernost rappelle que la France est "championne du monde" en matière de chaînes info en citant "BFMTV, CNews, LCI, franceinfo, Euronews et LCP-Public Sénat" ; Euronews n'étant cependant pas diffusée sur la TNT gratuite, de même que France 24, absente de sa liste.
"Conséquence : la plupart de ces chaînes sont en perte. Cela aboutit à des excès et à une surenchère", poursuit le patron, qui préconise un regroupement des chaînes dans ce domaine. "Mais, en France, c'est un gros mot. Les pouvoirs publics ont la culture du petit", déplore Nicolas de Tavernost ; lequel ne pousse pas l'audace jusqu'à appeler de ses voeux une fusion entre M6 et TF1 ou Canal+. "Commençons déjà par faire évoluer les règles anticoncentration qui datent de 1986 et les règles européennes de concurrence", avance-t-il.