Une interview cash. Aujourd'hui, "Le Point" publie un entretien sans langue de bois de Nicolas de Tavernost, patron du groupe M6 depuis plus de 30 ans. Au menu, les recettes de sa longévité à la tête de la Six, mais surtout la concurrence des plateformes, sa conception du service public, le CSA et... les téléfilms érotiques. Pionnière de leur diffusion en clair, M6 a en effet attiré l'attention des Sages de l'audiovisuel à la fin des années 1990, comme l'a raconté Nicolas de Tavernost dans cette interview.
Fidèle à lui-même, le patron de M6 a commencé par critiquer le Conseil supérieur de l'audiovisuel, lui reprochant le carcan qu'il impose aux chaînes de télé françaises, au regard de la liberté dont jouissent les plateformes pour l'instant. "On a l'impression que les régulateurs, frustrés de ne pas pouvoir contrôler les grands médias sociaux internationaux, se vengent sur les médias historiques", a ainsi taclé Nicolas de Tavernost. Et d'ajouter de manière énigmatique : "Heureusement, le CSA, sous l'impulsion de son président actuel (Roch-Olivier Maistre, ndlr), commence à évoluer. On n'est plus au temps où il faisait venir des 'sourds-muets' pour contrôler M6".
Invité à préciser son propos, Nicolas de Tavernost a alors raconté : "Il y a vingt-cinq ans, M6 avait produit des téléfilms érotiques issus de l'univers d''Emmanuelle' (célèbre film érotique français sorti en 1974, ndlr) et nous les avions intégrés dans nos obligations de produire des programmes français. Le CSA s'est plaint que les téléfilms avaient été postsynchronisés".
Laissant ainsi entendre que le régulateur soupçonnait alors M6 de "franciser" artificiellement des films érotiques étrangers, Nicolas de Tavernost a poursuivi le récit de son anecdote : "Il avait fait venir des sourds-muets pour lire sur les lèvres des comédiens et il avait jugé que ce n'était pas des films en langue originale française. Furieux, j'ai fait un recours devant le Conseil d'État, qu'on a gagné. Un jour, je croise l'écrivain Marc Lambron, qui travaillait à la section du contentieux du Conseil d'État, qui m'explique : 'Cela m'a tellement énervé que le CSA se mêle de ça et fasse venir des sourds-muets que j'ai considéré que les comédiens qu'on voyait de dos parlaient français !' Comme quoi, certaines décisions tiennent à peu de choses !", a conclu avec humour le patron du groupe M6.
A l'instar des magazines d'information du dimanche soir toujours à l'antenne, la soirée du dimanche de M6 a longtemps été marquée par la diffusion de "Culture pub", magazine culte disparu en 2005, et par celle des téléfilms érotiques. Ces derniers ont ainsi fait les beaux jours de la chaîne en réunissant près d'un million de fidèles et 20% de part d'audience en deuxième partie de soirée. En quête de respectabilité et d'un public plus familial, M6 y a finalement mis fin en 2005 au profit de "Enquêtes exclusives", le magazine de Bernard de La Villardière. Depuis, les films érotiques ont trouvé refuge sur CStar, chaîne du groupe Canal+, dans la même case du dimanche soir...