Un an et demi après le pataquès "Love" de Gaspar Noé, les règles de classification des films vont changer, comme le rapporte Le Monde. Selon le quotidien, la ministre de la Culture, Audrey Azoulay, publie ainsi jeudi 9 février un décret faisant disparaître la notion de "scènes de sexe non simulé". Cette dernière était auparavant prise en compte pour décider de l'interdiction ou non d'un long métrage aux mineurs ou de sa classification en film "X", limitant ainsi sa diffusion aux seules salles spécialisées.
Suivant les préconisations d'un rapport commandé par Fleur Pellerin, sa prédécesseur rue de Valois, la ministre de la Culture souhaite ainsi redonner plus de liberté d'appréciation à la commission de classification des films du Centre national du cinéma (CNC). Cet établissement public est chargé de donner des avis sur les films qui sortent, avant que le ministère de la Culture ne leur délivre leur visa d'exploitation.
La classification d'une oeuvre devra désormais être "proportionnée aux exigences tenant à la protection de l'enfance et de la jeunesse, au regard de la sensibilité et du développement de la personnalité propres à chaque âge, et au respect de la dignité humaine", précise le nouveau décret. Ce dernier prévoit que le visa d'exploitation d'un film doive s'accompagner d'une interdiction aux moins de 18 ans "lorsque l'oeuvre ou le document comporte des scènes qui sont de nature, en particulier par leur accumulation, à troubler gravement la sensibilité des mineurs, à présenter la violence sous un jour favorable ou à la banaliser".
Ces nouvelles dispositions réglementaires font suite à plusieurs polémiques ayant entouré la sortie de plusieurs films récents. En 2015 par exemple, le tribunal administratif de Paris avait ainsi jugé que "Love" devait être interdit aux moins de 18 ans en raison de ses scènes de sexe non-simulées. Saisie par l'association catholique "Promouvoir", la justice s'opposait ainsi à la décision de la commission de classification du CNC qui avait décidé d'attribuer au film une interdiction aux moins de 16 ans.
Depuis, l'association Promouvoir a aussi obtenu en décembre 2015 le réexamen de l'interdiction aux moins de 12 ans de "La Vie d'Adèle (2013)", le film d'Abdellatif Kechiche, mais aussi l'annulation du visa d'exploitation d'"Antichrist" (2009), de Lars von Trier.