"Depuis les années 1990, les Français n'avaient plus de rendez-vous d'info sur TF1 le matin. C'est un moment historique pour nous". Depuis 24 heures, la question excite le monde des médias loin de s'imaginer que le mercato déjà fou de la saison 2023/2024 pourrait jouer les prolongations. À quoi va ressembler le rendez-vous matinal que Bruce Toussaint, sur le départ de BFMTV, présentera dès janvier 2024 sur TF1 ? Thierry Thuillier lève en partie le voile, ce vendredi 6 octobre 2023 dans "Ouest France", sur le contenu de ce nouveau programme décrit comme un "rendez-vous de l'info et de la culture populaire et territoriale".
À défaut de révéler l'horaire exact auquel Bruce Toussaint prendra l'antenne en janvier 2024 – les modalités de diffusion de la case jeunesse ("Tfou") et de "Téléshopping", qui ne disparaîtront pas, restent à définir – Thierry Thuillier affirme que ce nouveau "rendez-vous matinal d'accueil" s'étendra sur... trois heures et sera diffusé en direct. "Nous voulons conquérir le matin", martèle le directeur de l'information du groupe TF1.
"Nous arrivons dans un territoire de concurrence, donc oui, nous serons en frontal (avec 'Télématin', la matinale à succès de France 2 présentée par Thomas Sotto et Marie Portolano , ndlr). Nous avons conscience de la difficulté de la tâche et c'est ce qui stimule notre ambition", soutient-il, conscient néanmoins que TF1 "ne va pas bouleverser le marché des matinales en six mois".
"C'est du temps long, on va se donner les meilleurs moyens possibles. On saura être patients", assure Thierry Thuillier, qui ne souhaite évidemment pas s'avancer et donner d'objectifs d'audience précis. "Du fait de la concurrence, on sait que ce sera compliqué au début. Mais on va s'installer, avancer petit à petit et, un jour, on visera une place de choix voire la première place. Je rappelle que, pour une fois, nous sommes le challenger".
Sur le fond, "ce sera bien une matinale généraliste", confirme le patron de l'info, qui ne prétend pas "révolutionner complètement le genre". En clair, l'émission marchera là encore sur les plates bandes de "Télématin" et sera alimentée par "des journaux aux heures fixes et des rappels d'information" mais aussi "des chroniques en plateau" – Thierry Thuillier misera sur "des talents en interne" mais ne s'interdit pas de regarder "à l'extérieur" – et "des rendez-vous autour de la vie quotidienne".
Par ailleurs, faut-il y voir là un clin d'oeil au "13 Heures" de Marie-Sophie Lacarrau ? "Nous serons très ancrés dans les régions", assume Thierry Thuillier, qui annonce des "embauches, et pourquoi pas l'ouverture de nouveaux bureaux locaux" pour alimenter les trois heures d'antenne. "La météo occupera aussi une place très importante, toutes les demi-heures".
Pour l'interview d'une "personnalité dans l'actualité", enfin, Bruce Toussaint pourra compter sur la force de frappe et le carnet d'adresses de TF1. "Le savoir-faire et les compétences en matière de divertissement pourront être intégrés dans la matinale ; on pourra s'appuyer sur nos autres grandes marques, notamment de fiction, pour attirer des stars. Il n'y aura pas de silos", a répondu à ce sujet Thierry Thuillier. L'objectif est clair : créer l'événement à toutes les heures de la journée. Pour cela, TF1 investit dans un nouveau décor. "Je peux vous dire qu'il ne ressemblera pas au plateau d'un JT ni à ses codes. Ce sera un autre studio que celui du '13 Heures' ou du '20 Heures'. Ce sera innovant pour faire une belle émission matinale d'accueil", promet Thierry Thuillier.
Si Bruce Toussaint, dont l'arrivée sur TF1 s'est jouée en "dix jours" à peine, sera indéniablement un concurrent de Jean-Baptiste Boursier – son ancien collègue de BFMTV a pris les commandes du "6/9" sur LCI à la rentrée – Thierry Thuillier tient à distinguer les deux offres qu'il qualifie de "complémentaires".
"Les attentes et les publics sont différents. LCI restera sur ses fondamentaux (international, politique, économie) quand TF1 va être un peu plus généraliste, multithématique et éclectique. L'objectif est de faire progresser les deux", espère-t-il.