Les faits remontent à 2018, alors que l'hebdomadaire français "Le Point" couvre l'affaire Luc Besson, accusé de viol et d'agression sexuelle. Dans deux de leurs articles, les journalistes ont présenté la plaignante et actrice Sand Van Roy comme une ancienne "call-girl", suite à quoi elle a porté plainte pour diffamation. Elle a obtenu gain de cause ce jeudi et Etienne Gernelle, directeur de publication de l'hebdomadaire ainsi que Aziz Zemouri, auteur de l'article mis en cause, ont donc été condamnés par le tribunal correctionnel de Paris.
Le directeur de la publication a notamment écopé d'une amende de 3.000 euros contre 2.000 euros pour l'auteur de l'article diffamatoire. De plus, tous deux devront verser 3.000 euros de dommages et intérêts à Sand Van Roy ainsi que 2.000 euros de frais de justice. Lorsque Aziz Zemouri avait été interrogé par "Mediapart" à la suite de la publication de son article en 2018, il avait maintenu les termes utilisés pour qualifier l'actrice, expliquant même "avoir atténué la réalité" et s'être basé sur des "témoignages recueillis dans le milieu du cinéma et les productions Besson".
A la fin du mois de mai de cette même année, une audience s'était tenue mais l'avocat du journaliste n'avait produit aucun témoignage. Il s'était uniquement appuyé sur le procès-verbal d'une amie de Sand Van Roy, dans le cadre de l'enquête pour viol, évoquant une "relation" entre la plaignante et un homme âgé. Mais ce document, utilisé comme preuve d'enquête sérieuse du journaliste, a vite été mis de côté par le tribunal car il "n'établit pas la réalité de l'imputation diffamatoire". Aziz Zemouri "aurait dû s'exprimer avec prudence et mesure", selon le tribunal.
De plus, la 17e chambre du tribunal judiciaire de Paris a aussi estimé que "la prétendue activité passée de call-girl" de la plaignante était " sans rapport direct " avec les accusations de viol. Enfin, le tribunal a souligné le fait que l'actrice n'avait pas été sollicitée pour l'article, alors que le journaliste est tenu au principe du contradictoire et a déjà été condamné trois fois pour complicité de diffamation.
Aziz Zemouri entend bien faire appel car selon lui, "le tribunal n'a pas jugé en droit". De son côté, Sand Van Roy se dit soulagée de cette condamnation, après avoir été "pendant trois ans", présentée "comme prostituée".