Des accusations graves. Dans un reportage vidéo mis en ligne le 8 juillet dernier, la web-télé "Le Média", dirigée depuis le printemps dernier par Denis Robert, accuse la chaîne d'information en continu BFMTV et sa maison mère NextRadioTV, documents à l'appui, d'être "une championne de l'évasion fiscale" et ce, avec la complicité de l'Etat. Parmi les témoins interrogés figure Maxime Renahy.
Cet ancien administrateur de fonds pour un cabinet d'avocats de gestion financière basé sur l'île anglo-normande de Jersey n'a pas hésité à affirmer face à la caméra du "Média" que "le développement de BFMTV et de NextRadio TV a été permis grâce à de l'argent qui a été injecté depuis les paradis fiscaux, depuis Jersey. Et sans cet argent-là, de façon assez importante, BFMTV n'aurait jamais pu se développer". Depuis sa mise en ligne, le reportage a été visionné près de 90.000 fois.
Si la chaîne n'a pas immédiatement réagi à ces accusations, Alain Weill, président d'Altice Europe et de NextRadioTV, filiale d'Altice, est passé à l'offensive auprès de "Télérama" dans une interview publiée sur le site de l'hebdomadaire mercredi en fin de journée. L'occasion pour le dirigeant de réfuter les informations données par "Le Média", qu'il qualifie de "grand n'importe quoi". "Je pense qu'il a des comptes à régler, mais qu'il nous laisse en dehors de cela !, affirme Alain Weill, en ciblant Maxime Renahy. Car en ce qui nous concerne, tant NextRadio dans le passé qu'Altice aujourd'hui, nous sommes dans une parfaite légalité".
Interrogé sur l'optimisation fiscale mise en oeuvre par le fonds APEF 3, qui détient 22% de NextRadioTV, l'homme fort du groupe Altice affirme qu'"aucune start-up n'existerait aujourd'hui sans ces fonds d'investissement basés dans des pays européens où la fiscalité est avantageuse". Et de rappeler que le procédé est légal : "Nous respectons totalement la loi et tout cela est connu du CSA ou de l'administration".
Même son de cloche pour les accusations d'"optimisation fiscale agressive" dont Altice fait l'objet dans le reportage. "Le siège social du groupe est basé à Amsterdam et, comme toutes les entreprises, nous gérons au mieux nos actifs dans le total respect des lois du pays", réplique Alain Weill, qui se réserve le droit de donner une suite judiciaire au reportage du "Média". "Ces accusations sont graves et s'appuient sur des mensonges pour servir une cause idéologique", conclut le dirigeant, dans une allusion à peine déguisée au fait que "Le Media" a été lancé en 2018 par des sympathisants de La France Insoumise.