Les contre-feux allumés par l'UMP après les révélations du journal "Le Monde" sur les écoutes de Nicolas Sarkozy commencent à en agacer certains. Dernier exemple en date, les insinuations à droite, à propos d'une rencontre entre François Hollande et les deux journalistes du Monde auteurs du scoop. "L'étrange rendez-vous de Hollande", écrivait Le JDD ce week-end avec ce sous-titre lourd de sous-entendus : "Officiellement, le chef de l'Etat se tient à l'écart des affaires. Cela ne l'empêche pas de recevoir à l'Elysée les journalistes qui enquêtent sur Nicolas Sarkozy".
Après la publication de cette information, Jean-François Copé n'a pas hésité à entretenir le soupçon, dès hier sur Europe 1, évoquant un "faisceau d'indices graves et concordants" concernant l'action supposée de François Hollande sur les enquêtes visant Nicolas Sarkozy. Seul hic, la rencontre entre les journalistes Gérard Davet, Fabrice Lhomme et le Chef de l'Etat n'a eu lieu qu'après leurs révélations sur les écoutes. Ce rendez-vous, fixé de longue date, s'inscrivait dans le cadre de l'écriture d'un livre sur le quinquennat. Ces insinuations régulières de la classe politique agacent les journalistes, au premier rang desquels la directrice du Monde.
"Faut-il rappeler que Le Monde exerce son métier d'informer dans la plus totale indépendance, hors de toute préoccupation partisane ? L'ensemble de nos enquêtes et de nos prises de position ces dix derniers jours en a encore apporté l'illustration, écrit en Une du Monde cet après-midi Natalie Nougayrède, patronne du journal. Deux de nos journalistes ont rencontré le chef de l'Etat (...) pour une discussion en 'off', comme ils le font régulièrement. La belle affaire ! Fera-t-on bientôt la liste de toutes les conversations en 'off' entre journalistes et responsables politiques, en assimilant ces contacts, dont chacun sait qu'ils sont indispensables à l'exercice libre et rigoureux de notre métier, à une coupable connivence ?".
Natalie Nougayrède, qui exhorte dans cet éditorial François Hollande à être plus transparent, suggère à la droite "de réfléchir au contrecoup". "Le poids du vrai scandale pèse bel et bien sur Nicolas Sarkozy, pris dans les rets d'instructions judiciaires sans précédent pour un homme ayant occupé les plus hautes fonctions de l'Etat", écrit-elle, dénonçant un "maelström politique", à l'origine d'une "crise démocratique qui mine notre pays".